Skip to content

L’enseignement aux sourdes-muettes

institut sourdes muettes

La plupart d’entre nous traversons la vie sans jamais qu’une pensée nous vienne pour celles et ceux qui ne disposent pas des sens dont nous avons hérité dans le sein de notre mère.

Voilà ici l’occasion de s’y arrêter. La Patrie du 16 décembre 1882 consacre un article à l’Institut des sourdes-muettes, rue Saint-Denis, à Montréal, dirigée par les sœurs de la Providence.

L’institut existe à l’endroit où il se trouve actuellement depuis 1864 […]. À l’époque de sa construction, il se trouvait tellement en dehors des limites de la ville qu’on le considérait presqu’à la campagne. Aujourd’hui, des centaines de citoyens, qui ont leurs résidences beaucoup plus loin, sur la même rue, viennent tous les jours au centre de la ville vaquer à leurs affaires sans s’apercevoir de la distance qu’ils parcourent. […]

L’Institut des sourdes-muettes est la seule dans son genre qu’il y ait dans le pays. Aussi le nombre des malheureuses qui demandent à y être admises est-il fort considérable et en refuse-t-on beaucoup faute d’espace.

La révérende sœur Philippe-de-Jésus est supérieure de l’établissement depuis environ quatre ans. Une trentaine de religieuses de la Providence et quinze filles l’aident dans son œuvre de charité.

Près de trois cents enfants, jeunes filles et femmes, reçoivent l’enseignement à l’Institut des sourdes-muettes. Les plus jeunes sont âgées de cinq ans et les plus vieilles de soixante.

Toutes font preuve de l’intelligence la plus remarquable et les jeunes surtout apprennent très facilement. Il est moins facile d’enseigner aux plus âgées lorsqu’elles ne possèdent pas déjà quelques notions.

Jusqu’en 1879, l’enseignement se faisait par la méthode des signes, comme pour la conversation. Depuis ce temps, on est parvenu à trouver une autre méthode que l’on a appelée la «méthode parlée», c’est-à-dire qu’au lieu de se servir des signes, les maîtresses se font comprendre par le mouvement seul des lèvres. […]

La nouvelle méthode serait appliquée à l’instruction des commençantes, car l’on a reconnu les inconvénients, sinon l’impossibilité de la faire apprendre aux sourdes-muettes qui se sont toujours exprimées par signes. […]

À part la conversation et les explications qui se font par signes, l’éducation donnée aux sourdes-muettes est la même que dans les autres institutions. […] Les bonnes sœurs réussissent à merveille dans leur tâche ardue et font de leurs élèves des personnes très instruites.

Lorsque les jeunes sourdes-muettes ont reçu leur éducation, on les remet à leurs parents, si elles en ont. Plusieurs qui sont sorties de l’institution occupent de très bonnes positions dans le monde. […]

Les institutions de sourds-muets sont très nombreuses et fort bien administrées en Europe, comme ont pu le constater ceux qui sont allés les visiter dans un but plus pratique que celui de satisfaire la curiosité. C’est en Espagne que l’on a commencé à donner l’instruction aux sourds-muets, vers 1594.

Nous avons aussi à Montréal une institution de sourds-muets, située au Côteau St-Louis.

 

La photographie de Ludivine Lachance passant son examen de gymnastique à l’Institut des sourdes-muettes de Montréal, rue Saint-Denis, est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Collection initiale, Photographies, cote : P600, S6, D4, P105.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS