La prison des femmes à Montréal
Durant les années 1870, comme le nombre de femmes condamnées à la prison augmente à Montréal, le gouvernement du Québec décide de la construction d’une prison pour femmes. Désormais, ces dernières ne cohabiteront plus avec les hommes à la prison du Pied-du-Courant. Le 2 décembre 1882, La Patrie consacre un article à cette prison.
Ce fut en novembre 1876 que les prisonnières au nombre de quatre-vingt-cinq y furent conduites.
La prison est sous la direction des dames du Bon Pasteur qui ont aussi le contrôle de la maison de correction des jeunes filles, rue Sherbrooke. La nouvelle prison, construite d’après des plans bien élaborés, et en pierre, répond parfaitement à l’objet auquel on la destine; les appartements sont spacieux et commodes. […] Le tout constitue un édifice imposant et de belle apparence.
Une chose remarquable à signaler à la prison des femmes, c’est que les détenues sont classées selon la religion. Ainsi, il y a 132 prisonnières catholiques sous la direction d’un chapelain, M. Lauzon, et 28 prisonnières protestantes placées sous la charge de matrones professant le même culte. Cette distinction n’existe pas à la prison des hommes.
En outre, il y a une autre division pour les repas; les prisonnières canadiennes-françaises ne mangent pas à la même table que les détenues appartenant à d’autres nationalités.
On évite, paraît-il ainsi, beaucoup de désagréments et surtout des querelles, et l’on ne croit pas trop payer la paix et la tranquillité au prix du surcroit de travail et de peines que donnent ces divisions.
Au rez-de-chaussée de l’édifice se trouvent la cuisine, le réfectoire des prisonnières canadiennes, la buanderie, une boutique de menuisiers et les appareils de chauffage. La nourriture est meilleure qu’à la prison des hommes.
Le premier étage renferme un atelier de couture, les dortoirs et un atelier d’imprimerie. Ces appartements, ainsi que ceux dont nous parlons plus haut, sont spacieux et renferment toutes les améliorations désirables. Le système d’éclairage et de ventilation ne laisse rien à désirer. Les religieuses tiennent toute la maison dans le meilleur état de propreté.
La discipline qu’elles ont établie fait merveille; il est rare qu’elles ont de la difficulté à maîtriser les prisonnières récalcitrantes. Des aides masculins sont toujours là, au cas de besoin.
L’enceinte de la prison est en pierre et a quinze pieds de hauteur [quatre mètres et demi]; aucune prisonnière ne l’a encore franchie, mais il n’y a pas très longtemps que la prison existe. […]
Le service intérieur de la prison est faite par vingt-six religieuses et quelques pénitentes, et les travaux manuels par quatre hommes.
L’illustration de la nouvelle aile de la prison des femmes, rue Fullum, à Montréal, dont la construction s’est terminée en décembre 1909, sur trouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec à l’adresse suivante.
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