«Le Bonhomme Hiver»
C’est décembre. Manifestement, le poète Louis Fréchette est heureux. Incapable de se retenir, il chante sa joie. Le quotidien sorelois Le Sud publie son poème le 7 décembre 1887.
Le bonhomme hiver a mis ses parures,
Souples mocassins et casque bien clos,
Et, tout habillé de chaudes fourrures,
Au loin fait sonner gaîment ses grelots.
À ses cheveux blancs le givre étincelle;
Son large manteau fait des plis bouffants;
Il a des jouets plein son escarcelle.
Pour mettre au chevet des petits enfants.
Quand le soleil luit, la neige est coquette;
Mol et lumineux, son tapis attend
Le groupe rieur qui, sur la raquette,
Aux flancs des côteaux chemine en chantant.
Dans les soirs sereins, l’astre noctambule
Plaque vaguement d’un reflet d’acier
La clochette d’or qui tintinnabule
Au harnais d’argent du fringant coursier.
Au feu du soleil ou des girandoles,
Emporté au vol de son patin clair,
Mainte patineuse, en ses courses folles
Sylphe gracieux, fuit comme un éclair.
Un rayon là-bas aux vitres rougeoie;
L’on entend des sons d’orchestre lointain;
Ce sont ces deux sœurs, la danse et la joie,
Qui vont s’amuser jusques au matin.
Et dans l’azur vif baigné de lumière,
Spectacle charmant, aspect sans rival,
Aux toits de la ville et sur la chaumière
Flotte le drapeau du gai carnaval.
La gravure de «la distribution faite par Papa Santa Claus» est parue dans Le Monde illustré du 23 décembre 1893. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Père Noël»