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Décembre de joie à Sorel

navires dans les glaces devant sorelLa ville de Sorel, sur le Saint-Laurent à l’embouchure du Richelieu, a longtemps été peuplée de navigateurs ou d’hommes de chantier affectés à la construction des bateaux.

Et toute la vie s’en trouvait colorée de manière particulière. Décembre, par exemple, avait tout à fait ses charmes. Écoutons le chroniqueur Tircis dans le quotidien Le Sud du 5 décembre 1887.

La navigation est terminée ! Un soupir de satisfaction s’exhale de toutes les poitrines. Tout le monde semble joyeux.

En effet, le marin est joyeux, content de revoir sa famille, sa bonne petite femme, ses chers enfants. Il revient avec de bons écus sonnants dans ses poches et, déjà assis avec son heureuse famille près du poêle qui pétille, il lui raconte ses exploits de l’été et fait avec elle des projets pour passer l’hiver joyeusement.

Sa bonne petite femme, privée depuis si longtemps de son cher vieux, le dorlote et le choie; elle l’écoute, et sur son visage qu’anime le bonheur du retour, on peut lire l’espérance et la joie de pouvoir vivre pendant longtemps ensemble maintenant.

Les enfants écoutent avec avidité le père qui leur raconte tant de choses qui les étonnent et les amusent. On est si heureux d’avoir le papa à la maison; il est parti depuis si longtemps.

Voilà pour les joies de la famille.

Je ne parle pas de la jeune fille, dont les joues viennent de se colorer subitement en apprenant le retour de son fiancé qui vient timidement, un peu gauchement, lui tendre la main ou poser un baiser sur ses lèvres.

Je ne veux pas pénétrer plus avant dans ces sentiments intimes qui se figurent mieux qu’ils ne se peignent.

Voyez maintenant chez la population qui reste :

Tous sont heureux du retour de nos braves navigateurs. La ville semble doublée par l’animation créée par le retour de ce fort contingent de notre population.

Le commerce se ressent de cette animation. Au retour sur terre, le navigateur fait ses provisions, achète toutes sortes de choses, cadeaux, bonbons, friandises pour les amis, les parents, les enfants.

C’est le temps où notre ville semble renaître et vivre.

C’est le temps joyeux, le temps animé.

Et maintenant jusqu’à la saison nouvelle on va s’amuser, chez nos braves familles canadiennes, à la bonne franquette, avec tout le monde, dépensant, joyeusement mais honnêtement, un petit bout du salaire bien gagné, pour donner l’autre à la femme, qui, elle, saura bien le mettre en sûreté et lui faire rapporter, à un petit intérêt, de quoi composer plus tard un petit capital.

Tircis

 

L’illustration des navires dans les glaces devant Sorel fut publiée dans L’Opinion publique (Montréal) du 9 décembre 1880. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Sorel (Québec)».

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