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Le chat, le canari et l’Éthiopien

Le chat

Mardi après-midi, Mme Williams, demeurant rue St-Jacques, est venue prévenir le sergent Kehoe, du poste de police du square Chaboillez, qu’une femme, Mary Ewer, demeurant rue Chaboillez, s’était introduite chez elle et lui avait volé un serin, auquel elle tenait beaucoup.

Le sergent Kehoe se rendit au domicile de la femme soupçonnée et fit des recherches qui n’amenèrent aucun résultat. Il allait se retirer quand une idée lui vint.

— Avez-vous un chat ? demanda-t-il à une voisine.

Sur la réponse affirmative de celle-ci, il se fit amener le chat qui fut lâché dans la chambre à coucher de l’accusée.

À peine avait-il fait quelques pas que le chat sauta sur le lit et se mit à gratter le matelas avec vigueur.

L’oiseau est là, dit le sergent, et, en effet, en relevant le matelas, il découvrit le serin enfermé dans une petite boîte. La femme Ewer fut arrêtée.

Mercredi matin, elle a comparu devant Son Honneur le juge Desnoyers tout en prouvant son innocence, a rejeté la faute sur le véritable coupable qui n’est pas blanc.

Celui-ci en effet un fils de Cham, dont le teint d’ébène a séduit la blanche Mary, et qui, pour plaire à sa belle, n’a trouvé rien de mieux que de lui offrir un oiseau jaune.

Mary a été acquittée et l’Éthiopien aura probablement à répondre à l’accusation de vol.

 

Le Canadien, 29 décembre 1884. Le quotidien de Québec mentionne qu’il reprend cette nouvelle du journal montréalais La Presse.

Le chat ci-haut, prenant ses aises, est extrait de l’ouvrage d’Ole Könnecke, Le Grand Imagier des petits, Paris, L’École des loisirs, 2011. Traduit de l’allemand par Florence Seyvos.

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