Quand partons-nous pour Bizerte, sur la Méditerranée ?
Dites, ça vous dirait ? Bras dessus bras dessous ? Comme deux enfants fous ? Ce court article du journal La Patrie du 9 novembre 1886 nous en donne le goût.
La ville actuelle de Bizerte, en Tunisie, n’est plus qu’un ombre de la ville antique déchue de sa splendeur; et son port, il y a deux siècles encore le plus beau de l’Afrique, tombe en ruines.
En dépit de tous les outrages subis, l’aspect en est encore charmant. C’est une petite Venise arabe avec son pont des soupirs, ses lagunes et ses bateliers, ses portes grillées et cadenassées, ses mosaïques et ses fontaines, et avec la belle mer bleue.
Son enceinte encerclée, qui ne résisterait pas à un coup de canon, son môle dégradé et son phare lézardé lui donnent encore grand air, et toutes les blessures subies par ses maisons et ses murailles n’ont besoin que de son ciel pour se faire pardonner.
À bien fouiller la ville, on y retrouve l’histoire de la piraterie qui a si longtemps moissonné la Méditerranée : vieille vaisselle, meubles des quinzième et seizième siècles, arrachés aux corvettes désemparées ou surprises; plaintes élégiaques ou tragiques encore visibles sur certaines murailles échappées aux captives blanches tombées dans les bras des écumeurs dont Bizerte fut si longtemps le refuge et le marché.
La petite cité est tour à tour pleine d’ombre et de soleil avec ses recoins mystérieux et ses palmiers centenaires; on l’habite avec plaisir, on la quitte avec regret.
La photographie du canal du vieux port, à Bizerte, apparaît dans la page consacré à cette ville sur le site Bienvenue en Tunisie.