La naissance de l’hygiène
On ne cessera d’en faire la promotion au 20e siècle. Mais nous sommes au 19e siècle et voilà le véritable début de la santé, la naissance de l’hygiène. Du moins, le médecin de la ville de Montréal, Alphonse-Barnabé Larocque, y croit. La Patrie du 11 novembre 1884 y fait écho.
M. le Dr Larocque nous apprend que le conseil d’hygiène de cette ville est sur le point d’adresser aux médecins, instituteurs et autres notables des villes et des municipalités voisines une circulaire demandant leur concours pour aviser aux moyens d’empêcher la propagation des maladies contagieuses.
On se propose en outre de faire adopter par la législature de Québec une loi d’hygiène ayant pour but d’obliger les municipalités à adopter les mesures préventives nécessaires pour prémunir le public contre le choléra et d’autres maladies épidémiques.
Cette mesure est de la plus haute importance. Le choléra a éclaté à Paris et il est possible que le fléau s’étende jusqu’ici. Or il est admis que l’hygiène est le meilleur préservatif. M. Proust, inspecteur général des services sanitaires de France, a publié récemment un rapport par lequel il constate que, dans tous les endroits où les règles de l’hygiène ont été observées, le choléra a fait peu de victimes.
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Le lendemain, toujours dans La Patrie, Larocque rappelle que l’Association sanitaire des États-Unis recommande au Congrès de nommer des officiers d’hygiène dans les ports étrangers pour visiter les vaisseaux. Le journal ajoute : «Le Dr Larocque propose que le conseil de salubrité de Montréal étudie la question et engage les gouvernements local et fédéral à organiser des commissions d’hygiène dans toutes les municipalités, d’après le mode américain.».
Alphonse-Barnabé Larocque de Rochbrune (1823-1893) fut un personnage fort important dans l’histoire de la santé à Montréal. Voir sa biographie par Denis Goulet et Othmar Keel dans le Dictionnaire biographique du Canada.
La gravure ci-haut provient de l’ouvrage de la Congrégation Notre-Dame, L’économie domestique à l’école primaire, IIIe et IVe années, Québec, L’Action sociale, 1934. Ouvrage approuvé par le Comité catholique du Conseil de l’instruction publique, le 23 septembre 1925.