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En voilà un qui parle aux feuilles !

feuille porteeL’autre jour, j’errais dans une avenue, mes regards rêveurs s’arrêtèrent sur des feuilles rougies au froid et au soleil d’automne.

Comme elles étaient délicatement nuancées ! Comme leurs tons variés tranchaient sur le ciel gris, uniforme ! Intérieurement, je me pris à leur dire à ces petites choses mouvantes veinées de rouge et de bleu : 

O feuilles, vous avez les teintes dont l’horizon s’empourpre au couchant. D’où viennent ces reflets de lueurs mourantes !… Vous ne tenez presque plus aux branches. Bientôt un souffle vous en détachera à jamais, et vous partirez dans l’espace, enveloppées dans les plis d’un noir tourbillon.

J’aime à vous voir dans cette parure, dans cet éclat. Coquettes ! C’est pour nous faire regretter davantage que vous vous faites si belles, que vous revêtez ces teintes au moment de nous quitter ?

Voici que vos dernières heures sont venues, et vous gardez pour la fin vos couleurs les plus variées.

L’hiver est déjà si triste pourtant avec ses froidures et ses arbres dénudés ! L’éclat de vos derniers jours, le souvenir de votre beauté dernière nous le rendra plus froid encore et plus sombre !

 

La Tribune, 23 octobre 1896. L’auteur de ce texte pourrait bien être une dame. Rien ne dit qu’il s’agit d’un homme.

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