Skip to content

En 1885, la mort rôde au Québec

placardpourmaladiecontagieuseNous voici en un temps qu’on a peine à comprendre aujourd’hui. Que faire pour combattre une maladie contagieuse comme la variole qu’on appelle également picote, souvent mortelle ? À Joliette, voici quelques résolutions adoptées par le bureau local de santé le 15 septembre 1885. La Gazette de Joliette y fait écho le 6 octobre.

Que les cinq médecins de cette ville soient priés de vacciner les enfants pauvres de cette ville, à raison de vingt-cinq (25) centins par chaque vaccination, aux frais du bureau de santé.

Que le dit Inspecteur [de la ville] soit chargé de faire imprimer une douzaine de placards comportant en grosses lettres les mots «Picotte» qu’il fera coller sur les planchettes chaque côté d’icelles, et placer vis à vis les maisons où il y aura des variolés.

Que toute personne étrangère à la ville de Joliette, venant, de Montréal ou d’ailleurs, à Joliette, soit par voie ferrée ou par toute autre voie, soit obligée à exhiber, à l’inspecteur de cette ville ou à toutes autres personnes autorisées par ce dernier, un certificat de médecin constatant que cette dite personne étrangère a été vaccinée et qu’elle ou aucun des membres de sa famille n’est atteinte de maladie contagieuse, sans quoi l’entrée de cette ville lui sera interdite.

Que tout supérieur, directeur ou professeur de toute maison d’éducation, en la ville de Joliette, sera tenu d’exiger de tout élève de telle maison d’éducation, un certificat de médecin constatant que tel élève a été récemment vacciné et qu’aucun de la famille où il demeure ou pensionne n’est atteinte de picote ou de variole; et qu’à défaut de tel certificat, l’entrée dans telle maison d’éducation soit interdite à tout élève qui ne se sera conformé à la présente Résolution, le tout sous les peines et pénalités voulues par la loi.

Que, dans tous cas de maladies contagieuses, on invite les personnes à suivre scrupuleusement les directions suivantes : le patient doit être placé dans l’appartement le plus élevé de la maison, le plus éloigné des autres membres de la famille, et réunissant les conditions les plus favorables à la meilleure ventilation et à la séquestration la plus parfaite. Cette chambre doit être de suite dépouillée des rideaux, tapis, fabriqués en laine et tout meuble inutile; cette chambre doit aussi être parfaitement aérée soit en y laissant les fenêtres ouvertes, soit, au besoin, en y allumant un feu.

Pour essuyer la bouche et les narines du patient, on ne doit pas se servir de mouchoirs, mais de préférence faire usage de linge qu’il faut brûler de suite après s’en être servi.

Toutes les évacuations des intestins et les urines, à leur émission immédiate du corps, doivent être reçues dans un vase contenant un désinfectant, tel que une solution de sulfate de fer verte (couperose verte) dans la proportion de deux livres au gallon d’eau, ou d’acide carbolique, quatre onces au gallon; ce vase doit de suite être enlevé de la chambre. Personne ne doit pénétrer dans la chambre du malade à l’exception de celle spécialement chargée de lui prodiguer ses soins.

Lorsqu’une personne a été affectée de la variole, qu’elle guérisse ou qu’elle en meurt, la maison qu’elle a habitée doit être parfaitement écurée et désinfectée, ses murailles et ses planchers doivent être lavés avec soin. Les portes, les fenêtres et toutes les ouvertures étant bien fermées, la chambre doit de suite être fumigée en y brûlant du souffre en bâtons. Cette opération terminée, il faut bien aérer l’appartement en ouvrant toutes les portes et les fenêtres, blanchir les plafonds, enlever la tapisserie quand il y en a, et blanchir les murailles, les badigeonner, ou y appliquer une nouvelle tapisserie.

Les journaux de cette ville sont priés de publier les présentes résolutions.

 

Contribution à une histoire québécoise de la santé au quotidien.

Merci à mes amis Louisette et Paul-Émile de m’avoir permis la photographie de ce placard.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS