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«La plus grande ville du monde»

Londres

Je voudrais bien vous parler de Londres, un peu; mais par quel bout commencer, voilà la difficulté.

Que me dites-vous d’une ville qui couvre une superficie de cent vingt milles carrés, circuit dans lequel se mouvent, s’agitent, se querellent, se trompent, se tuent, se pillent et ne s’aiment pas plus qu’ailleurs cinq millions d’être humains. […]

Figurez-vous donc cinq millions d’habitants, c’est-à-dire plus que n’en renferme toute la province de Québec, groupés dans une seule et même ville.

Il y a neuf ans, en 1881, on voulut s’assurer combien de personnes et de voitures entraient dans la ville proprement dite dans l’espace de vingt-quatre heures. On obtint le résultat suivant sur soixante points différents : 797,563 personnes et 71,893 voitures. Ce n’est pas une ville, mais une fourmilière. Pekin, Yeddo ou plutôt Tokio, me suis-je laissé dire, seules, peuvent offrir pareil spectacle.

La circulation de cette cohue humaine s’opère dans 7,800 rues qui, si on les mettait bout à bout, donneraient une rue de trois mille milles de longueur, ou une artère qui partirait de Québec, passerait par Toronto et Winnipeg, et irait mourir sur les contreforts des Montagnes rocheuses dans les environs de Calgary. Ces rues sont éclairées par un million de becs de gaz qui consument vingt-huit millions de pieds cubes de gaz dans les vingt-quatre heures.

Voulez-vous avoir un tailleur, vous pouvez y choisir entre trois mille. Êtes-vous à la recherche du pain quotidien, il y a 2,800 boulangers; désirez-vous y ajouter un filet de bœuf ou un morceau de saucisson, vous avez 2,400 bouchers et charcutiers à votre disposition. Avez-vous besoin de serviteurs, vous y en trouverez 300,000. Avez-vous le cœur tendre et désirez-vous soulager l’humanité souffrante, vous avez 150,000 indigents sur le pavé.

Il y a à Londres plus d’Écossais qu’à Edimbourg, plus d’Irlandais qu’à Dublin, plus de Juifs qu’en Palestine, et plus de catholiques romains qu’à Rome. […]

On brûle dans la capitale plus de 8,000,000 tonnes de charbon.

La dépense de nourriture et de chauffage, etc., de la population par année est estimée à environ 200,000,000 de livres.

En haut d’une colonne haute de 202 pieds, au haut de laquelle on grimpe par un escalier circulaire, on peut avoir une vue panoramique de Londres fort intéressante, lorsque le temps est clair, fait bien rare à Londres. On m’a dit que cette tour fut érigée en commémoration d’une conflagration qui eût lieu en 1666, du 2 au 7 septembre, dans laquelle 13,200 maisons sur 460 rues, et 89 églises furent réduites en cendres.

 

La Gazette de Joliette, 18 septembre 1890.

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