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Fête japonaise chez les Givernaud

illustration japonaiseQui donc sont ces Givernaud qui possèdent une grande résidence d’été à Saint-Jean d’Iberville ? On aime être invité à leurs réceptions à la villa Léda. Nous voici chez eux à une fête japonaise. Bien rarement retrouve-t-on ce type de fête alors au Québec. C’est l’ultime de la saison que les Givernaud organisent, car ils ferment cette résidence la dernière semaine de septembre pour regagner New-York, où ils habitent le reste du temps. Qui sont donc ces Givernaud ? Mystère, pour l’instant.

Le Franco-Canadien du 17 septembre 1891 nous amène à leur fête japonaise.

Le passant curieux, qui se serait attardé, mardi soir, à jeter un coup d’œil à travers la lumière frisante de la véranda de la Villa Léda, aurait vu un étrange spectacle.

Dans une salle décorée d’éventails de toutes les formes, de toutes les couleurs, déployés, fermés, à demi ouverts, jetés avec une grâce extrême sur les lambris teintés de rouge, d’où montait des bruits très gais d’eau jaillissante et d’éclats de rire; devant un amoncellement de richesses, de lampadaires merveilleux, de lanternes à chatoyants reflets, de fraîches girandoles verdoyantes, semées jusqu’à se toucher dans un extravaguant fouillis, dans la pénombre voilant un peu l’éclat des choses et fondant tous ces ensembles dans une sorte d’effacement très doux, tel qu’on dirait la demeure enchantée de quelque «Belle au bois dormant», il aurait vu un groupe de dames ayant, dans la lumière tamisée de ce fond de verdure, l’air de petites fées nippones avec leurs tuniques aux couleurs éclatantes bizarrement combinées et leurs hautes coiffures piquées d’épingles, d’éventails et de fleurs, leurs longues manches pagodes et leurs longues ceintures nouées en pouf.

De vraies dames japonaises moins le retroussement exagéré de leurs yeux d’émail, de délicieuses mousmées ébauchant de grandes révérences; de même qu’il aurait aperçu des hommes en grandes robes rouges, bleues, blanches dans l’ampleur de traînes bariolées et de grandes manches pagodes, véritables bonzes du Grand Bouddha.

Et, dans ce spectacle féérique dont nous ne donnons qu’une bien faible description, il aurait entrevu cette fête d’un nouveau genre, japonaise des pieds à la tête, que nous a donnée notre charmante hôtesse de la Villa Léda, Madame Louis Givernaud.

Ravis de cette soirée toute nouvelle d’originalité et de distinction marquée, les nombreux amis de Madame Louis Givernaud voient cependant avec un réel chagrin arriver «l’automne aux tristes jours» qui doit faire déserter de ce coin de terre, où naissent les Plaisirs et les Ris, l’aimable société qui l’habite.

Les plus belles choses hélas ! ont aussi leur fin.

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