Skip to content

«Un véritable gaspillage de vies»

cimetiere mount hermonEn 1886, après la grande épidémie de variole qui avait fait près de 6 000 morts, dont plus de 3 100 à Montréal, le gouvernement du Québec crée la Commission provinciale d’hygiène. Deux ans plus tard, cette commission devient le Conseil d’hygiène de la province de Québec, l’ancêtre du ministère de la Santé.

Mais quel énorme travail attend ce conseil d’hygiène ! Il faut arriver rapidement à un bilan général de la santé au Québec et proposer au gouvernement l’adoption de règlements. Au début de septembre 1891, l’organisme lance un cri d’alarme : Un véritable gaspillage de vie. L’hebdomadaire Le Franco-Canadien du 10 septembre y fait écho.

Le conseil d’hygiène de la province vient de publier les nouveaux règlements […]. En même temps que ces règlements, le conseil a bien voulu nous transmettre un tableau statistique rempli d’enseignements.

En parcourant attentivement ce tableau, on constate, à l’évidence, qu’il se fait, dans notre province un VÉRITABLE GASPILLAGE DE VIES, et que, contrairement à ce que l’on croit généralement, ce n’est pas toujours dans les villes et les grands centres que ce gaspillage est le plus considérable. […]

À quoi attribuer cette mortalité excessive ? Les autorités n’hésitent pas à lui reconnaître pour cause, d’abord, le mauvais état sanitaire de la plupart des localités urbaines et rurales (mauvais drainage, mauvais approvisionnement d’eau, mauvaise ventilation, etc., etc.), et surtout la propagation des maladies contagieuses, contre lesquelles on ne prend aucune précaution.

Pour ne parler que d’une maladie contagieuse, la diphtérie, nous avons constaté, par les déclarations de MM les curés et par les rapports que nous avons en mains, que, dans la seule année 1890, 4,000 personnes, au moins, sont mortes dans notre province victime de cette maladie, et l’année 1889 a été plus meurtrière encore.

Ajoutez à cela les décès par la fièvre typhoïde, la fièvre scarlatine, le croup, la rougeole, toutes maladies contagieuses et ÉVITABLES, et vous aurez une idée du nombre de morts que l’on aurait pu prévenir, si l’on avait mis en pratique les moyens suggérés par l’hygiène et l’expérience, c’est-à-dire l’assainissement des localités et des habitations malsaines et, pour les maladies contagieuses, la déclaration, l’isolement et la désinfection, tels qu’ordonnés par les présents règlements.

C’est par l’emploi de ces moyens, judicieusement appliqués, que l’on est parvenu, dans les autres pays, à réduire le taux de mortalité, si bien qu’il est constaté aujourd’hui que la mortalité d’une ville, d’une paroisse, d’une région ou d’un pays est toujours en raison inverse des progrès de l’hygiène dans les municipalités et dans les familles. Pour celui qui observe, il y a, entre ces deux termes, une relation quasi mathématique. […]

Pourquoi l’Hygiène qui, partout ailleurs, a rendu et rend encore de si grands services, n’en ferait-elle pas autant parmi nous, si ses préceptes et ses conseils étaient plus répandus et plus suivis au milieu de nos populations ? Il importe donc de faire connaître, par toute la province, les règlements de ce Conseil; ils sont destinés à rendre d’éminents services dans toutes les classes de la société. Ces règlements sont d’utilité publique et les renseignements que nous avons de partout nous prouvent qu’il est urgent, dans l’intérêt public, d’en faire l’application immédiate.

 

Sur la grande épidémie de variole de 1885 et ses suites, voir cet article.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS