Un vieillard en a ras-le-bol
Convaincu que la fin du monde est pour bientôt et que lui s’en tirera, il fait ses préparatifs. Le Canadien du 22 septembre 1881 raconte.
Un vieillard de 83 ans d’un esprit excentrique, qui habite le Lincolnshire, est, dit-on, tellement convaincu que la fin du monde arrivera prochainement, qu’il a fait construire un immense ballon au moyen duquel il espère pouvoir assister à la destruction de notre planète sans partager le sort de ses habitants.
Il emportera dans son voyage aérien de la viande de conserve, du cognac, de l’eau gazeuse, du vin rouge et d’autres vivres en quantité suffisante pour se nourrir pendant trois ans, vu qu’il a calculé que sa vie finirait naturellement au bout de ce temps-là.
Il pense qu’il y aura parmi les débris du monde quelque fragment assez gros pour qu’il puisse y descendre à un moment favorable et y passer les deux ou trois années qu’il a encore à vivre.
Il a l’intention d’amener dans son ballon son garde forestier, vieux serviteur qui lui a toujours montré une grande fidélité; mais comme ce dernier n’a que 32 ans, il lui a bien fait remarquer qu’il serait forcé de subvenir à ses besoins lorsqu’il n’y aurait plus de vivres dans le ballon, c’est-à-dire dans trois ans.
Après avoir fait tous ces préparatifs et pris toutes ces précautions, le vieillard a, paraît-il, déclaré avec le plus grand calme qu’il se trouverait mieux sans le monde qu’avec le monde.