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Les promesses de l’amiante, dit l’asbeste

La Tribune du 1er mai 1891 vante les mérites de l’asbeste canadien.

C’est une substance filamenteuse, pouvant être tissée comme le lin et le coton, et avec laquelle on fait de la toile, du papier, des mèches incombustibles.

L’art de tisser l’asbeste était connu des anciens, qui en fabriquaient de la toile dans laquelle ils enveloppaient leurs morts pour la crémation; ainsi leurs cendres ne se mêlaient pas à celles du bûcher. C’est un des arts perdus qui a été retrouvé en Italie au milieu de notre siècle.

Ce minerai fut découvert au Canada vers 1878.

Il fut bientôt reconnu, sur tous les marchés, comme supérieur à celui qu’avaient fourni jusque-là l’Italie et la Savoie. Aujourd’hui, on exporte l’asbeste canadien en Angleterre, en Écosse, en France, en Autriche, en Espagne, en Allemagne, aux États-Unis et même en Italie.

En ce qui concerne ce dernier pays, ça équivaut à envoyer du charbon à New-Castle.

En 1886, il n’y avait dans la province de Québec que huit mines d’asbeste en opération, lesquelles ont fourni 3408 tonnes de minerai, évaluées à $286,261; c’est-à-dire environ $60 la tonne; le coût d’extraction n’étant que de $25 à $30 par tonne, le profit des propriétaires de ces mines est donc considérable.

On a employé beaucoup de temps et d’argent pour perfectionner les machines destinées à la manipulation des fibres, et on invente tous les jours de nouveaux procédés et de nouvelles machines à cet effet.

On découvre continuellement des nouvelles applications de l’asbeste à l’industrie et au commerce. On en a fait l’essai à Londres et à Paris pour des habits à l’épreuve du feu pour les pompiers; et, en effet, ceux qui mirent de ces habits purent impunément traverser au milieu des flammes.

On fabrique avec l’asbeste des boîtes de sûreté pour le transport des objets et des documents de valeur considérable; et nul doute que, avant longtemps, on s’en servira dans la construction des voûtes à l’épreuve du feu.

Sa valeur inestimable pour les rideaux exposés aux incendies l’a fait adopter dans un grand nombre de théâtres aux États-Unis. Outre son incombustibilité, il offre l’avantage de ne pas s’altérer par les acides ou les huiles chimiques dont on se sert pour décorer les scènes de théâtre.

Les rondelles (washer) d’asbeste sont considérées comme bien supérieures à celles de caoutchouc dont on fait généralement usage aujourd’hui.

On l’emploie dans la construction des maisons pour les coupe-feu.

Les cordonniers font usage d’asbeste pour doubler les semelles de chaussures, ce qui a le double avantage de conserver la chaleur et de garantir du froid.

On s’en sert pour fabriquer du papier incombustible, des cordes pour les endroits exposés au feu, et pour une foule d’autres usages.

Ce court exposé suffira pour démontrer quelle sera la consommation de ce minéral, quand le temps et l’expérience nous auront appris tous les usages auxquels on peut l’appliquer.

Le Canada, qui est reconnu aujourd’hui pour un pays riche en minéraux, possède des dépôts considérables d’asbeste qui promettent de devenir plus tard une industrie importante.

 

Voyez tout ce qu’on fabrique déjà en amiante en 1890.

Sur l’histoire de l’industrie minérale, on consultera l’ouvrage de Marc Vallières, Des mines et des hommes. Histoire de l’industrie minérale québécoise. Des origines au début des années 1980, Québec, Publications du Québec, 1989, 439 pages.

L’illustration de l’extraction de l’amiante à Asbestos, Thetford Mines ou Black Lake provient d’un album réalisé vers 1915 par le photographe américain J. C. Maugans pour le compte de l’Asbestos and Mineral Corporation de New York. Cet album est déposé à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Fonds Famille Mercier, Épreuves noir et blanc, Albums, cote : P74, S8, SS1, D2.

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