Revoici notre «coureur des bois»
Étrange personnage, ce Pierre Leroyer. Jamais l’histoire ne l’a retenu. D’ailleurs y tenait-il vraiment ? Homme de bois. Qui se plaisait en présence des bêtes de la forêt. Il aimait sortir de ses forêts pour apparaître soudain dans les villes, devenir objet sympathique de curiosité.
Qui nous proposera un jour sa biographie ? L’auteur arrivera-t-il à démêler le vrai de la légende ? Chose certaine, à chaque fois que nous le voyons surgir dans nos vieux journaux d’hier, nous n’hésitons pas à lui donner la place voulue sur ce site.
Une fois, on dit que, Mexicain par son père et Sioux pas sa mère, il a traîné sa bosse aux États-Unis avant de venir vivre au Québec, habillé de son costume sauvage qui lui donne l’air d’un enfant de la forêt. Puis le voici à Sherbrooke avec son orignal domestiqué. En 1902, on le fait naître en France, à Issoudun, dans l’Indre, alors qu’il est maintenant en route pour le Pôle Nord accompagnant un millionnaire américain.
Ici, il vient d’accompagner un policier à la recherche d’un meurtrier dans la région du lac Mégantic, là où il vit. Le Franco-Canadien du 26 avril 1889 raconte les détails de l’arrestation, puis s’arrête à Pierre Leroyer.
Pierre Leroyer, qui était avec le constable MacMahon quand ce dernier a tiré sur Morrison, est un chasseur français; sa demeure habituelle est à Napierville. Il est un des guides du club de chasse et pêche de Mégantic. C’est un maître chasseur d’une grande expérience. Il prétend être le seul homme qui soit parvenu à apprivoiser le caribou.
Les Montréalais doivent se rappeler qu’il en amena un en ville il y a un an. Ce chevreuil a une vitesse de 2,42 minutes par mille obtenu dans une course à Lewiston [État du Maine].
Leroyer se fait des revenus en parcourant, pendant l’été, les campagnes avec une ménagerie consistant d’un caribou trotteur, d’une femelle de caribou, de quatre ours, deux chevreuils, un porc-épic et deux singes.
Leroyer est un bel homme d’une hauteur de six pieds, mince de corps, vêtu de peaux et portant les cheveux longs. C’est un homme paisible quand il est sobre, mais, du moment que l’eau de feu a touché ses lèvres, il devient terrible.
La longue expérience dans les bois en fait un des guides favoris pour les touristes durant la belle saison. Il possède de riches présents qui lui ont été donnés par des visiteurs américains.
Pendant l’hiver, une visite à son chantier est très intéressante et on y voit toute une meute de chiens errer autour de sa hutte, obéissant aux moindres commandements de leur maître. On ne pouvait choisir un meilleur homme pour aider à la capture du prescrit.
Autre nouvelle de Leroyer dans Le Canadien (Québec) du 3 juin 1890: «Pite Leroyer, qui s’est distingué lors de l’arrestation de Morrisson à Mégantic, est en ce moment à Montréal pour y disposer de certaines fourrures d’ours et autres produits de plusieurs mois de chasse dans le nord. L’intrépide chasseur paraît en parfaite santé.»
Cette illustration de Pierre-Jean Leroyer parue en première page de l’Album universel du 29 novembre 1902 provient du site suivant : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/accueil.htm