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Un Brésilien, l’inventeur de l’aérostat il y a plus de 300 ans

En 1883, au moment où la France s’apprête à fêter le centième anniversaire de l’invention de la montgolfière par les frères Montgolfier, L’Étendard de Montréal rappelle le 29 mars que l’inventeur du ballon est plutôt un Brésilien.

Ceci nous amène à dire quelques mots d’un autre inventeur, qui vivait 74 ans avant les frères Montgolfier, et dont les détails sont donnés par le Brésil.

La maison Firmin Didot Frères a publié à Paris une ouvrage intitulé Nouvelle biographie générale par le Dr Hœfer, dans lequel se trouve la biographie d’un Brésilien, Batholomeo Lourenço de Gusmao, le premier inventeur du ballon ou plutôt d’un aérostat destiné à planer dans les airs.

Un illustre historien français, Ferdinand Denis nous apprend que B. Lourenço de Gusmao avait construit un aérostat en 1709 et avait fait une ascension à Lisbonne avec un plein succès.

Il vint au monde à Santo (Brésil) en 1685 et mourut âgé de 59 ans après s’être fait une réputation célèbre comme ingénieur.

Envoyé jeune encore à l’Université de Coïmbra (Portugal), il fit preuve d’une aptitude extraordinaire pour les sciences physiques, tout en se vouant aux études théologiques.

La princesse Elisabeth de Brunswick, épouse de Charles VI, roi d’Espagne, le protégea puissamment auprès du roi du Portugal. Il existe encore dans les archives de Brunswick une correspondance dans laquelle elle qualifie l’aérostat du Père Gusmao de «navire flottant».

Il paraît que l’inventeur a emporté son secret avec lui dans la tombe. Son ballon avait, au dire des écrivains de son époque, la forme d’une nacelle ou d’une conque et on a lieu de supposer que l’électricité et le magnétisme combinés servaient de moteur en l’absence de vent; système appliqué de nos jours à des véhicules.

Le fait est qu’il s’élança le 8 août 1709 de la tourelle du Casa da India et alla descendre derrière le terreiro do Paço. Le peuple lui donna le surnom de «celui qui vole : o voador».  On conserve encore aux archives du Portugal une requête de Gusmao par laquelle il sollicitait un privilège pour son invention et un rescrit royal qui le lui accorde ainsi qu’un canonicat en récompense de son invention.

Un poète comique a décrit cette ascension dans une pièce de vers publiée à Lisbonne en 1733.

Malheureusement, Gusmao vivait dans un pays arriéré et à une époque où toute invention dépassant l’intelligence humaine était traitée de magie. Ce fut peut-être la cause qu’il quitta clandestinement le Portugal et mourut, comme Christophe Colomb, pauvre et abandonné à Séville. Il reste de lui plusieurs ouvrages en portugais sur les sciences et sur la religion.

Il est profondément regrettable que son frère, qui était ministre et homme d’État, n’ait pas pris plus d’intérêt à cette ingénieuse découverte. À deux, ils étaient de force à lutter, mais seul l’inventeur succomba devant les préjugés de son siècle où tout de qui dépassait l’intelligence était taxé de surnaturel.

Si le ministre Gusmao avait voulu mettre à profit cette grande intelligence dont il avait donné tant de épreuves, et seconder son frère dans ses découvertes, qui sait ce que ces deux hommes de génie eussent produit.

Nous ne contestons pas aux frères Montgolfier l’invention du Ballon et nous aimons à croire qu’ils ignoraient les procédés de leur prédécesseur, mais nous avons tenu à démontrer que, contrairement à l’assertion des journaux, on ne peut pas leur accorder le mérite de la priorité.

A. Baguet.

 

L’illustration provient de la page Wikipédia consacrée à Bartolomeu Lourenço de Gusmao. Il s’agit d’une huile du peintre brésilien Benedito Calixto (1853-1927) qui se trouve aujourd’hui au Musée Paulista, de Sao Paulo.

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