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Des Scandinaves bien avant Christophe Colomb en Amérique

En 1891, ça et là, en Europe comme en Amérique, on commence à penser à célébrer la mémoire de Christophe Colomb, car, dans quelques mois, on fêtera le 400e anniversaire de sa venue sur ce qui était pour beaucoup un nouveau continent.

Mais le quotidien de Québec Le Canadien, du 13 mars 1891, tient bien à préciser que Colomb n’est pas le premier Européen à avoir mis le pied en Amérique.

Des Norvégiens, au dixième siècle, s’étaient aventurés jusqu’au Groënland. Ils racontèrent, à leur retour, qu’ils avaient trouvé une terre inconnue. Bientôt diverses expéditions furent organisées, dans un but de convoitise, vers cette terre nouvelle. Et on peut être surpris de constater que, dès cette époque, une de ces expéditions, commandée par un guerrier nommé Leif (vous voyez qu’on retrouve même les noms de ces pionniers !), eut une sorte de plan scientifique.

Leif ne s’était embarqué qu’avec trente-cinq hommes, tous résolus comme lui. Il alla plus loin que ses devanciers et arriva, après de longs mois, jusqu’à ce qui est aujourd’hui la mer d’Hudson et le Labrador. Il avait divisé sa troupe en deux parties, avec des rendez-vous déterminés d’avance, afin que, en moins longtemps, on explorât plus de pays.

Le Groënland fut peu à peu colonisé, et, dès lors, des expéditions, partant de ses rives, qui étaient alors beaucoup moins froides qu’à présent, purent sans cesse gagner du terrain.

Les légendes se mêlent à l’histoire étroitement. Ce fut, dit-on, une femme nommée Gudride qui poussa son mari, Torfnin, sur les conseils des divinités, assurait-elle, à aller se tailler un royaume dans ces régions mystérieuses. Elle-même se battit courageusement contre les Esquimaux.

Les vieilles traditions rapportent qu’une autre femme, Freydice, entreprit un nouveau voyage. En cette époque barbare, il n’est pas d’événements qui ne soient sanglants. Freydise fit massacrer plusieurs de ses compagnons qui prenaient trop d’ascendant sur les guerriers qu’elle commandait. Quoi qu’il en soit, elle dépassa les bornes franchies par ses prédécesseurs et aborda la contrée qui est à présent le Canada.

Le climat de toutes ces régions s’est étrangement modifié; toutes les antiques relations scandinaves sont unanimes à constater que la vigne croissait en abondance, alors, dans ces pays de l’Amérique septentrionale, où l’hiver est si long, maintenant.

Cependant l’imagination des marins scandinaves était excitée vivement par ces découvertes. Un autre Norvégien, Thurwald Ericson, explora les côtes de ce qui devait être, bien des siècles après, les États-Unis et il longea le pays jusqu’à l’emplacement actuel de New-York.

Quelques années plus tard, un autre navigateur allait jusqu’à la Floride. Il était bien près, à ce que l’on voit, des découvertes de Christophe Colomb. En Floride, il trouva, mêlé aux Indiens, un peuple blanc qui, dit-il, «se servait de fer», et ce fait a donné à penser qu’une colonie d’Islandais aurait bien pu s’établir là.

Au douzième siècle, un Islandais, nommé Gudleif, fit, à son tour, l’exploration de ces parages. Jeté à la côte par une tempête, il allait être massacré par les indigènes, lorsqu’un homme intervint, et Gudleif reconnut en lui un compatriote. Ce compatriote profita de l’occasion, raconte les anciennes «sagas», pour lui confier le soin d’une vengeance qu’il avait à accomplir en sa patrie. L’honnête Gudleif ne manqua pas de se charger de la commission, et à son retour en Islande, massacra quelques guerriers auxquels il n’en voulait pas personnellement.

Tous ces antiques récits, longtemps mystérieux, s’éclairent aujourd’hui, et établissent ce fait curieux de la découverte de l’Amérique à une époque bien antérieure à celle qui est généralement admise. Les prédécesseurs de Colomb étaient encore trop grossiers, seulement, pour tirer un parti utile de leurs explorations hardies. Ils n’en ont pas moins fait les premiers pas.

Ainsi la science met chaque jour plus de lumière dans les annales de l’humanité. Quoiqu’il en puisse coûter de renoncer aux idées qui nous ont été inculquées, il faut bien admettre les modifications qu’elles reçoivent.

 

À ce jour, on n’a encore jamais trouvé de traces d’une présence scandinave au Québec. L’Anse aux Meadows, à la pointe septentrionale de l’île de Terre-neuve, est aujourd’hui le seul site scandinave avéré en Amérique du Nord, à l’exception du Groenland. Ci-haut, l’image de ce site reconstitué provient de la page Wkipédia qui lui est consacrée.

Comme le Vieux-Québec, L’Anse aux Meadows est inscrit sur La liste du patrimoine de l’Unesco.

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