Décès d’un autre Patriote de 1837-1838
Je le répète à l’occasion : à la fin du 19e siècle, la mémoire des Patriotes de 1837-1838 est toujours très vive et les journaux s’empressent de souligner le départ de l’un d’entre eux. Voici qu’en février 1890 un autre quitte. Un vrai cette fois-ci contrairement au précédent qui avait joué un jeu. Le quotidien montréalais La Patrie rapporte son décès 18 février 1890.
Encore un vétéran de nos luttes patriotiques vient de mourir.
André-Benjamin Papineau, fils d’André et de Marie-Anne Roussel, âgé de 80 ans et 2 mois. Cousin germain de Louis-Joseph, il fut le dernier survivant de cette génération de Papineau.
Notaire et cultivateur, il représentait en 1837 le comté de Terrebonne à l’Assemblée Législative.
Fils de la liberté, il était à la bataille de St. Eustache, avec ses amis, Hubert, Pelletier, de Lorimier. Après le combat, ils se rendirent à St. Benoît (le Grand Brûlé); de là, il rentra chez lui à une demi-lieue du village de St. Martin de l’Île Jésus. Il s’y cacha quelques jours, mais fut bientôt conduit à la prison de Montréal.
Chasseur en 1838, il s’employa pendant à l’été à recruter, et à construire des canons de bois cerclés de fer, qu’après la défaite du président Robert Nelson et des patriotes à Napierville, il eut à enfouir dans ses champs. Il rentra dans la même prison de Montréal.
Il fut contraint, avec tous ces co-prisonniers à regarder, des fenêtres barrées, nos martyrs monter sur l’échafaud, et y être assassinés par l’ukase de Colborne. Assassinés; car les décisions du juge Bédard à Québec, du juge Vallières à Trois-Rivières, furent confirmées par la cour du Banc de la reine à Londres, qui libéra une douzaine de patriotes du Haut-Canada qui étaient en route pour Botany Bay.
Ces tribunaux, intègres et indépendants, décidaient qu’aux parlements seuls, tant provinciaux qu’impérial, appartenait le droit de suspendre la constitution, de proclamer la loi martiale, d’établir des cours militaires.
Ce sanguinaire et incendiaire Colborne, que le bon peuple appela le Vieux Brûlot après ses exploits et ceux de ses satellites, lorsqu’il retourna en Angleterre, n’en fut pas moins créé Lord Seaton : Satan dirent aussitôt les bons Canadiens.
M. André Papineau avait épousé Hermine Provencher, une nièce de l’Évêque [Joseph-Norbert] Provencher. Il en eut un fils, qui devint prêtre, et professeur de au Séminaire de Québec, où il mourut jeune. Par ses sœurs mariées, il était allié aux Prévost, aux Bouthillier, aux Trudel et aux Benoît.
Trop âgé pour continuer la culture de sa terre paternelle, il s’était retiré au village de St-Martin, où il remplissait depuis plusieurs années les fonctions de secrétaire-trésorier de sa municipalité. Il y fut inhumé le 9 du courant.
Selon le grand Dictionnaire généalogique des familles Provencher en Amérique (1660-1990) de Gérard-E. Provencher, page 260, Hermine Eugénie Provencher, fille de Simon Provencher et d’Émilie Émond, est née vers 1824 et est décédée à Saint-Martin (aujourd’hui ville de Laval) le 20 janvier 1854. Elle avait épousé André-Benjamin Papineau à la paroisse Notre-Dame de Montréal, le 27 novembre 1843.
Par ailleurs, samedi le 15 février dernier, dans le quotidien Le Devoir (Montréal), l’historienne Micheline Lachance publiait un article intitulé «Pendaison de Chevalier de Lorimier — Il y a 175 ans aujourd’hui…». Un article important, à lire, et tout à fait en phase avec ce texte paru dans La Patrie lié au décès d’André-Benjamin Papineau.
L’image d’André-Benjamin Papineau, un dessin de Jean-Joseph Girouard, provient du site suivant.
La maison André-Benjamin-Papineau est une des rares maisons de ferme classée comme faisant partie du patrimoine québécois à ville de Laval.