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Où va-t-on chercher pareil discours ?

Dans la presse québécoise d’autrefois, il m’arrive de tomber sur des textes incroyables décrivant, «classant» les femmes. Le 6 décembre 1889, le chroniqueur du Franço-Canadien, qui signe Jean Causeray, y va de ces lignes au sujet des femmes.

Veut-on savoir à quel signe certains vieux garçons distinguent les bonnes des mauvaises, pour en venir d’ailleurs à la conclusion qu’elles sont toutes plus ou moins imparfaites et indignes de leurs délicates attentions !

La femme qui cultive les roses et en fait la parure de sa personne et de sa maison est une vraie femme, ni prosaïque ni sentimentale. Il y a une harmonie délicieuse entre sa beauté, ses manières et son cœur. De plus, elle tient admirablement son ménage.

Celle qui adore les fleurs des champs est un peu fade, trop poétique. Sa toilette est souvent négligée; simple de goût comme elle paraît être, elle dédaigne de s’occuper de sa maison. Pour lui plaire, il faut être un artiste, un écrivain aux allures olympiennes.

Gardez-vous de celle qui n’admet que les fleurs violemment parfumées, étranges, aux formes bizarres et tourmentées. Celle qui aime les fleurs hors de leur saison ou de leur climat : le muguet en janvier, l’edelweiss dans ses vases, etc., est distinguée, exigeante, pourvue de qualités, doués de défauts qui s’avouent; elle ne passe pas inaperçue, elle est spirituelle, artiste, mais très capricieuse.

La femme qui n’a pas de préférences, qui se déclare satisfaite avec une violette ou une rose de Noël, est une bonne créature, qui aura beaucoup d’enfants !

* * *

Me serait-il permis d’opter ? Le choix d’une femme, certes, n’est pas une affaire à traiter à la légère… Mais laissez-moi vous avouer bien ingénument que la dernière, oui, celle qui apprécie également une violette ou une rose de Noël, est depuis longtemps mon suprême idéal.

Son cœur est un océan sans fond où l’on puise à longs traits l’amour qui réconforte, vivifie, et enfante le nombre, ce géant devant lequel nos soi-disant conquérants affolés s’avouent impuissants et battent en retraite.

Vive la Canadienne ! sauvegarde de nos droits, boulevard de nos libertés, effroi et terreur de la moderne tribu des Droits égaux.

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