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Attention ! Un garden-party n’est pas un pique-nique !

Colette tient à le préciser dans L’Album universel du 19 août 1905. Venant d’un milieu modeste, je vois bien à la lire pourquoi on n’a jamais parlé chez nous de garden-party. Je me demande même si le mot avait cours. Nous, nous étions pique-nique. Et encore, pique-nique simple. Décidé le matin même selon le temps qu’il fait.

Les garden-parties sont une réception de jour ayant généralement lieu dans un parc ou dans un jardin, ainsi que leur nom l’indique, et auxquelles, par conséquent, les femmes viennent en toilettes montantes, élégantes et légères; les hommes en complets et chapeaux de paille.

On y invite au moins dix jours à l’avance; le programme de divertissements peut être varié à l’infini, et comprend tous les jeux et tous les sports de plein air. Le buffet est celui d’un lunch élégant et confortable, c’est-à-dire qu’il comporte : café, thé, chocolat, champagne et boissons glacées, fruits de la saison et gâteaux variés, sans oublier les sandwiches réconfortantes pour les joueurs fatigués par un tennis un peu dur.

L’organisation d’une pareille fête est relativement facile, si l’on dispose d’une installation spacieuse, d’un personnel suffisant et qu’on soit à proximité d’une ville pour l’envoi des glaces et des pâtisseries.

Toute autre, et bien plus compliquée sous son apparence sans façon, est la mise en train d’un pique-nique, cette réunion joyeuse si appréciée par la gaie jeunesse. Il est entendu qu’elle comporte une certaine intimité entre les personnes qui y prennent part et que celles-ci se réunissent au moins une fois à l’avance pour en discuter la date, choisir le lieu de rendez-vous, le mode de locomotion pour s’y rendre, et s’entendre sur la part que chacun apportera à ces joyeuses agapes.

Il n’y a donc pas d’invitations proprement dires, mais néanmoins il est absolument indispensable qu’une personne complaisante et expérimentée prenne la direction de la petite expédition en miniature, se charge d’en régler les détails, et assume la responsabilité des choses pratiques et intéressantes que chacun s’empresserait d’oublier.

La composition d’un menu froid est toujours à peu près la même; on s’arrangera néanmoins pour qu’il ne comporte que des plats faciles à transporter.

On se distribuera donc l’apport des mets, réservant habituellement l’appoint des vins et des liqueurs aux célibataires.

Quand à la dévouée organisatrice, c’est à elle qu’incombera, outre sa part, la multiplicité des détails : pain, sel, condiments, moutardes et pickles et aussi le transport du matériel, vaisselle, argenterie et linge. Il est prudent de n’emporter qu’une vaisselle assez solide, faïence rustique, décorée de fleurs ou de fruits; argenterie de peu de valeur, linge fantaisie égayé de nuances vives donnant un joli ton parmi la verdure. Tout cela soigneusement emballé, dans des paniers spéciaux.

Les jeunes filles et les jeunes gens de la bande se chargeront eux-mêmes du service et jouiront ainsi d’une plus franche intimité. Si cela est possible, il est très pratique de choisir le lieu du rendez-vous pas trop éloigné d’une ferme où l’on puisse se procurer de bonne eau, de savoureuse crème, quelques fruits bien frais. Là encore, l’intervention de l’organisatrice sera nécessaire, elle devra s’y rendre elle-même quelques jours à l’avance afin de voir les ressources qu’elle pourra y trouver et la possibilité d’un refuge en cas de pluie ou d’orage. Elle sera largement récompensée de sa peine par la joie des éclats de rire et la manifestation des beaux appétits au jour de la gaie partie.

 

Ci-haut, l’huile sur toile, Le déjeuner des canotiers, un tableau bien sûr du peintre impressionniste français Auguste Renoir, créé en 1880-1881. Il appartient à The Phillips Collection, un musée de Washington fondé par le critique d’art et collectionneur Duncan Phillips en 1921.

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