Le jardin zoologique de la maison Kent
Au 20e siècle, dans la région de Québec, voisin de la maison Kent bordant la chute Montmorency, se trouvait un jardin zoologique servant d’attrait touristique. D’ailleurs, un jardin zoologique peut-il servir à autre chose que d’attirer des touristes ?
Mais voilà, c’est ainsi. J. H. Ferland nous fait partager sa découverte de ce jardin dans L’Album universel du 29 juillet 1905
Il est peu de touristes qui, de passage à Québec, et disposant de quelques jours après avoir terminé leur visite de la vieille cité de Champlain, n’exécutent pas l’excursion traditionnelle aux chutes de Montmorency et à la basilique Ste Anne de Beaupré. Ces deux endroits sont universellement célèbres, tant par la magnificence et la grandeur de leur site que par les souvenir et les légendes qui s’y rattachent.
Mais avant d’atteindre le pied des cataractes, le chemin de fer qui vient de Québec longe un immense parc à l’aspect des plus pittoresques, connu sous le nom de Kent Park, en mémoire du duc de Kent, père de la feue reine Victoria, qui habita longtemps le vaste édifice aujourd’hui transformé en hôtel sous le titre de Kent House.
C’est dans la partie inférieure du Kent Park que se trouve le jardin zoologique, propriété de MM. Holt, Renfrew et Cie, et qui renferme la plus belle et la plus complète des collections d’animaux vivants du Canada.
De fondation toute récente, ses débuts furent des plus modestes. C’est ainsi qu’en 1902, les pensionnaires de l’établissement se réduisaient à un ours noir et à un couple d’orignals [sic]. Peu à peu, à force de persévérance et aussi de sacrifices pécuniaires considérables, les propriétaires du «Zoological Garden» sont parvenus à rassembler des échantillons de presque toutes les espèces animales sauvages de l’Amérique du Nord.
C’est ainsi que nous y trouvons un certain nombre d’orignals, spécimens très difficiles à conserver en captivité, car ils meurent généralement au bout de quelques mois. Ceux du Kent Park ont déjà près de trois ans, et de plus ils se reproduisent avec une grande facilité.
Les caribous figurent aussi au premier rang des animaux rares. Ce sont les seuls que l’on puisse voir au Canada. […]
Nous passons rapidement sur les spécimens plus connus de loups-cerviers, de renards rouges, blancs (artic fox), ou croisés, de chats sauvages, de loups, de chiens de prairies, d’ours blancs et noirs, etc., voire même sur quatre mignons poneys sauvages capturés à Sable Island au large d’Halifax, et dont deux ont été offerts au jardin par le gouvernement canadien.
Nous arrivons à la plus récente et la plus précieuse acquisition du jardin, une famille complète de castors qui, malgré leur installation datant à peine de quelques mois, se sont aussi parfaitement acclimatés que s’ils se fussent trouvés là depuis des années. […]
Chaque espèce d’animaux trouve au jardin zoologique des conditions d’existence presque identiques à celles qu’il [sic] aurait à l’état sauvage. La mousse, le gazon épais, les arbustes aux tendres feuillages y croissent de toutes parts. De nombreux ruisseaux d’eau claire le traversent, ornés de coquettes passerelles rustiques et de rochers en miniature.
Les oiseaux aquatiques, canards canadiens, canards de Pékin, sarcelles et autres prennent joyeusement leurs ébats dans de véritables petits lacs bordés de roseaux et de nénuphars, tandis que les grands hôtes de la forêt, orignaux ou caribous, chevreuils ou wapitis bondissent en courses à travers les immensités des fautes futaies.
Tel est le système d’élevage employé vis-à-vis de tous les hôtes de l’établissement du Kent Park. C’est sans nul doute à cette minutie dans les soins et dans les précautions de tous genres que les fondateurs doivent de voir aujourd’hui leur belle œuvre couronnée du succès qu’elle mérite à tous les points de vue.
La photographie ci-haut, ayant pour titre «Chevreuils au zoo du Kent House», fut prise vers 1905 par Fred C. Würtele, et provient de Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds Fred C. Würtele, Cote P546, D6, P57.
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