Passant par le comté de L’Islet
Dans L’Album universel du 22 juillet 1905, F. Rivard chante les «beautés du comté de L’Islet».
Situé dans la province de Québec, sur la rive sud du Saint-Laurent, en aval de Québec, le comté de L’Islet, comme celui de Montmagny, embrassait autrefois dans ses limites plusieurs seigneuries, aujourd’hui cultivées dans leur étendue presque entière. Parmi les principales, il faut citer celles de Bonsecours, Lessard, de Saint-Jean-Port-Joli, et de Saint-Roch-des-Aulnaies, concédées en 1677, sauf la dernière, dont la remise à son premier propriétaire, Nicolas Juchereau de Saint-Denis remonte à l’année 1657. […]
Dans toutes les anciennes seigneuries, on retrouve de nombreux villages, possédant chacun leur histoire, voire même leurs légendes. Le principal est L’Islet qui, dès 1700, comptait un nombre considérable de colons. La première église y fut érigée à cette époque, à l’endroit où se trouve aujourd’hui la chapelle des morts. […] L’Islet est l’un des villages les mieux bâtis de la rive sud.
À neuf milles plus loin, nous trouvons le chef-lieu du comté, Saint-Jean-Port-Joly, peuplé de 2,200 âmes.
Puis Saint-Roch-des-Aulnaies, célèbre par la magnifique pépinière fondée en 1861 par M. Auguste Dupuis, et qui rend tant de services à la classe agricole; Sainte-Louise, enfin Saint-Albert, en pleine voie de prospérité, et qui possède déjà trois moulins à scie et une fromagerie de tout premier ordre.
La population totale du comté de L’Islet est de 13,823 habitants. L’aisance est générale dans la plupart des villages, et l’agriculture s’y fait partout d’après les méthodes les plus récentes. L’industrie laitière s’y développe rapidement. On y compte dix beurreries et onze fromageries. De plus, tout le comté est maintenant couvert d’un réseau téléphonique des plus complets, qui permet aux villages éloignés de communiquer avec ceux du bord du fleuve.
Tous les cantons de L’Islet sont très bien boisés, surtout en épinette. Il en résulte que chaque année on y rencontre de grands chantiers.
La plus grande partie du bois est dirigée sur Montmagny et livrée aux magnifiques scieries de la maison Price.
Entre le sud-est du comté, à quelque distance de la frontière américaine, et le village de Saint-Jean-Port-Joly, situé presque au nord du comté, s’échelonnent une série de nouvelles paroisses, encore en voie de formation, mais dont le développement promet d’être des plus rapides.
Partant du nord, nous trouvons d’abord Saint-Damase, joli village légèrement accidenté, traversé dans toute sa longueur par la rivière des Trois-Saumons, formant quelque chutes qui font mouvoir des moulins. Sa création date de quarante ans environ, mais il ne semble avoir pris quelque essor que depuis une quinzaine d’années. Il compte 728 âmes.
Sainte-Perpétue vient ensuite, avec une importance plus considérable, un cercle agricole parfaitement organisé […], une fromagerie dont la création est due à la même initiative. On estime la population à 1,050 âmes.
Parmi ces nouvelles paroisses, Saint-Pamphile tient la tête pour la rapidité du développement. Elle compte 1,250 habitants et est sans contredit la plus riche de L’Islet. Dans quelques années, lorsque l’Intercolonial la traversera, elle prendra un essor considérable. Les réserves de bois sont presque inépuisables, et le marché est à portée de main, car la frontière américaine ne se trouve guère qu’à un mille du lieu d’exploitation.
Ci-haut, l’église de L’Islet-sur-Mer.