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Pauvres servantes

À toutes les époques, nous le disions, les domestiques ont très mauvaise presse. Les études sont rares à ce sujet. Toutefois, il existe un solide ouvrage de l’historienne Claudette Lacelle sur le sujet : Les domestiques en milieu urbain canadien au XIXe siècle, Études en archéologie, architecture et histoire, Lieux et parcs historiques nationaux, Environnement Canada – Parcs, 1987, 278 pages. Quelle vie que celle de domestique !

Voici que le 9 mai 1906, le quotidien La Patrie déplore le manque de formation des filles œuvrant dans le service domestique.

La Patrie a, à diverses reprises, traité de ce sujet. Ceux qui le regardent comme un sujet indifférent oublient les nécessités réelles et vraies de la vie.

Il faut, dans les maisons, dans les familles, des domestiques.

Le service des maisons est un métier qui en vaut un autre. C’est un métier lucratif. Les bons serviteurs, les bonnes servantes, gagnent plus dans notre province, que la moitié, que les trois quarts des institutrices. En outre, ils sont nourris et logés. Souvent, ils reçoivent des cadeaux.

Malheureusement, nous n’avons pas d’écoles ménagères. Dans nos écoles élémentaires, l’on n’enseigne pas même les notions les plus simples de la tenue des maisons, de la cuisine, etc.

Le conséquence est que nous avons un mal infini à obtenir un service domestique convenable.

Un grand nombre des jeunes filles qui s’engagent viennent des paroisses éloignées des centres. Elles ont tout à apprendre. Les circonstances veulent parfois qu’elles rencontrent des domestiques plus vieilles qu’elles, qui ne leur donnent pas toujours de bons conseils. Une domestique intelligente gagne facilement $15 par mois, parfois plus.

Un certain nombre de domestiques ont la manie d’apporter dans les maisons où elles entrent les habitudes qu’elles ont contractées ailleurs et dont elles ne veulent pas se départir. Que de fois, par exemple, ne rencontrons-nous pas des servantes qui ne veulent pas que les maîtresses de la maison voient ce qui se passe dans la cuisine ! Il en est d’autres qui refusent de porter les habits et les costumes des maisons bien tenues.

Il n’est pas d’erreur plus ridicule pour une servante que de suivre une pareille conduite.

Il nous semble que, si les maîtres et les maîtresses de maisons, et si les serviteurs et les servantes voulaient faire preuve de bonne volonté et de tolérance, on pourrait avoir un service mieux fait et plus de confort.

La question des salaires n’est pas celle qui domine. Ceux qui trouvent de bons serviteurs n’ont pas d’objection de les payer ce qu’ils valent. La grosse question est de trouver de bons serviteurs, de bonnes servantes.

L’enseignement domestique, l’établissement d’écoles ménagères s’impose. Elles ouvriront une profession nouvelle, pour ainsi dire — nouvelle et lucrative.

 

À gauche, «Mademoiselle Marcotte, servante de Napoléon Mercure, accompagnée d’une femme inconnue» (vers 1940). Photographie provenant de Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Montréal, Collection Monique Mercure-Vézina, Photographies, cote P157, S4, P86.

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