Skip to content

Un professeur allemand déraille

M. J. Bautz, professeur à l’Académie royale de Münster, fait actuellement et le plus sérieusement du monde un cours sur les sciences occultes. Il parle de l’enfer et du purgatoire avec une abondance de documents. Tout récemment encore, il exposait à son auditoire une savante théorie selon laquelle «les volcans seraient les cheminées de l’enfer».

C’en était trop. Les étudiants de Münster se réunirent en assemblée plénière et décidèrent d’envoyer à leur professeur une adresse collective qui ne lui laisserait aucun doute sur l’importance qu’ils attachaient à sa découverte. Et, le lendemain, M. Bautz trouvait dans son courrier le factum suivant, écrit en latin, rédigé en style de cuisine infernale :

Salut au bon lutteur ! C’est avec plaisir que nous apprenons votre intention de consacrer votre cours de l’hiver prochain à l’étude du purgatoire où nous faisons bouillir à petit feu tous les francs-maçons. Nous vous remercions chaleureusement de l’ardeur que vous mettez à annoncer la vérité et à proclamer qu’il existe encore des forces souterraines dont les méchants, après leur mort, éprouveront cruellement la puissance.

Au jour prochain de votre anniversaire, nous chaufferons tout spécialement nos poêles en votre honneur; la fumée de l’Etna, du Vésuve, du Popocatepelt et de l’Ixtacihualt, enveloppant les réprouvés au milieu desquels vous vivez, leur brûlera les yeux et les fera peut-être rentrer en eux-mêmes.

Nous espérons vous voir arriver ici le plus tôt possible et nous vous promettons que vous serez convenablement traité. Nous vous réservons un siège bien chaud dans notre meilleur poêle, l’Hekla. C’est avec nos compliments les plus pestilentiels que nous restons vos dévoués serviteurs : Bitru, diable; Miss Vaughan, médium autorisé; Abbadona, ange déchu; Mephisto, «l’Esprit qui toujours nie», etc. (Écrit dans les profondeurs de l’abîme par une température de 100 degrés au-dessus de zéro.)

Ainsi, s’amuse dans les universités d’Allemagne, la studieuse jeunesse.

 

Extrait du quotidien montréalais La Patrie, 27 mars 1897.

La gravure ci-haut provient de l’ouvrage de Louis Cousin-Despréaux, Les leçons de la nature présentées à l’esprit et au cœur, Tours, Alfred Mame et Fils, 1885., 367p. Merci à mon bouquiniste Michel Roy.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS