Skip to content

Brève histoire de place Viger

Place Viger, à Montréal, tout juste au nord de la rue Notre-Dame, fut déjà le rendez-vous des pierreuses. Mais qui sait qu’auparavant, on y retrouvait un marais à grenouilles, puis un jardin magnifique ? C’est ce que raconte Édouard-Zotique Massicotte dans Le Monde illustré du 20 janvier 1894.

Tout Montréalais qui s’est arrêté au square Viger pour admirer ses vertes pelouses, ses fleurs magnifiques, ses arbres dont le feuillage touffu protège des ardeurs du soleil, s’est dit : «Quel endroit charmant !»

Se rappelle-t-il, alors, l’histoire de ce petit coin de terre enjolivé ? Certainement non. Il ne l’a jamais su. Est-ce qu’un habitant de la métropole canadienne s’occupe de ces choses ? Allons donc !

Eh bien, pour faire exception à la règle générale, j’ai fait des recherches et voici ce que j’ai trouvé :

Jusqu’en 1820, «le jardin Viger était un marécage où croupissaient des eaux verdâtres et d’où s’élevaient les psalmodies d’une légion de grenouilles, accompagnées par les basses puissantes des oua-ouarons.»

Vers cette époque, la ville ayant acquis le terrain qui devait être occupé par la rue Saint-Denis, l’honorable D.-B. Viger donna ce marécage à la ville dans le but de le faire assainir et de le convertir en jardin public.

Mais ce ne fut qu’en 1860, le 6 septembre, qu’eut lieu son inauguration officielle. Un journal de l’époque en dit ce qui suit :

Jeudi soir un comité de citoyens faisait l’inauguration du magnifique Quarré Viger, en présence d’une foule extraordinaire. Comme le ciel était sombre, l’illumination eut un effet magique, et l’œil ne pouvait se lasser de voir ces nombreuses lanternes de tous genres, de toute espèce, qui pendaient à la palissade d’un bout à l’autre du Quarré et répandait une lumière surabondante.

Dans le Quarré lui-même, il y avait encore de nombreux jets de flamme et les eaux des deux fontaines, qui jouaient dans une illumination semblable, offraient un beau coup d’œil aux spectateurs ravis.  Aussi le Quarré Viger était-il, jeudi soir, la place des enchantements, car le public était admis sans distinction dans son enceinte. À voir passer et repasser tout ce monde sous ces lumières sans nombre, il y avait de quoi monter l’imagination. Chacun disait son mot, improvisait une exclamation et nous avons été témoin oculaire de bien des collisions, car les uns regardaient en l’air, les autres en bas et les dames qui étaient en grand nombre donnaient de jolis coups de ballons dans ces occasions-là….. Les vieux étaient avec leurs vieilles et les jeunes avec leurs belles, tout le monde gossait à merveille…. Il y avait en outre la bande de Hardy qui joua ses plus beaux airs…. […]

En 1870, on fit des innovations. L’Opinion publique disait alors :

«On doit compter, parmi les bonnes actions de l’hon. D.-B. Viger, le don à la corporation de Montréal du terrain qui porte, aujourd’hui, le nom de «carré Viger». Ce qui était autrefois un endroit sale et boueux est devenu un centre d’attraction et de plaisir, un véritable petit paradis terrestre où la nature étale ce qu’elle a de plus joli, de plus agréable. Le gardien actuel mérite des éloges pour le talent artistique qu’il déploie dans l’embellissement de ce jardin et les efforts qu’il fait pour le rendre utile et agréable au public. […]»

Le square Viger vient d’être doublé en longueur par la disparition du marché aux bestiaux, et, avant longtemps, croit-on, on verra s’élever dans son centre la statue de l‘héroïque Chénier. C’est beau ! mais ce qui m’attriste, c’est la pensée que le Pacifique le sillonnera peut-être bientôt et détruira sa tranquillité pleine de charme, chassera les petits oiseaux paisibles par le cri strident de ses locomotives.

 

L’illustration de place Viger extraite de L’Opinion publique du 18 août 1870 se trouve à l’adresse suivante : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/massic/detail/a-64-a.jpg

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS