Aujourd’hui, sur le babillard
Vous vous souvenez de samedi, voilà deux semaines ? Il pleuvait. Aujourd’hui, même temps, il pleut.
Même temps ? Même questionnement.
Sucre à la crème ? Fudge ? Casse-tête ? Une bière au grill du village ?
As you like.
Quelques images du jour tout de même.
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Deux heures plus tard. Bon, écoutez, n’ayant pas eu de nouvelles de Vous, j’ai mis sur le feu à bouillir, à feu le plus doux possible, une soupe poireaux-navet, avec sel de mer et bouillon de poulet. Avec un verre de vin rouge, espagnol, Ijalba, une cuillerée à soupe de beurre sur le soupe chaude au moment de la manger, ce sera délicieux. Je me demande même si je n’y ajouterai pas un peu de fromage. Ça sent bon dans la maison !
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Finalement, tout est consommé. Plutôt que de beurre sur le soupe chaude, j’ai déposé de très minces lamelles d’un tout nouveau fromage fermier de Grondines, le Clos-des-roches, introuvable, je crois, si vous n’allez pas le chercher sur place. Un pur délice ! Bien meilleure qu’une soupe à l’oignon. Et dieu sait que je connais beaucoup de soupes à l’oignon.
P. S. Le petit Ijalba se laisse boire. Toujours pareil à ce qu’il est, avec son 20% de Graciano qui lui donne le goût qu’il a.
je remarque encore cette grange. j ai une soeur qui vient d acheter une propriété greillée d une vieille grange dont elle ne sait trop que faire, probablement destinée à un démentèlement, on s arrête parfois pour s enquiérir des vielles planches.
la place est dotée d un palier où, par des journées comme aujord hui, le soleil fait des jeux de lumières impayables et inimitables ailleurs. seulement, ici, aucune vocation à l endroit qui requiert quand même un certain entretien.
j aimerais y aménager – aucune chance, ya pas que le soleil qui y perce! sans compter, ses petits habitants naturels qui ont préséance je le crois.
les granges du québec… appellée à disparaître on dirait. un beau sujet d histoire, là aussi.
Dites à votre sœur, chère Vous, de sauvegarder sa grange, même de la laisser à elle-même si elle n’a pas l’argent pour la raplomber, elle vivra sa vie propre. Ce sont des cathédrales faites fortes. Votre sœur va s’ennuyer autrement. Chez moi, elle est présente dans ma vie depuis le début. Et essentielle dans le coup d’œil qu’elle me donne. Ces granges ont une âme, je vous le dis. Elles nous apprennent le long temps, la traversée, toujours, tout le temps, des saisons, le silence aussi et la fidélité. Fort rares sont les objets dans nos vies, ou même les êtres (pensez aux amoureux que Vous avez eus) qui témoignent de cette manière, qui témoignent de ces valeurs, je Vous le dis.
Je vous raconterai un jour la visite de ce journaliste, très à la mode, qui est venu à la maison, il y a 25 ans, quelque part par là. En arrivant, il regarde ma grange et s’empresse de me dire « Tu serais mieux de jeter ça à terre le plus tôt possible, elle va tuer quelqu’un. » Je suis resté soufflé, mais ai été bien poli. Il n’est jamais revenu. Je le serais moins aujourd’hui. S’il revenait un jour, je lui mettrais le nez dans la soucoupe de lait, c’est certain, au p’tit minou. Ma grange, austère sous la pluie, il est vrai, est toujours là, n’a pas bougé, a gardé sa grande beauté impressionnante, a traversé tous les temps. Je n’ai jamais eu d’argent à lui consacrer. Elle fut bâtie en même temps que la maison, entre 1920 et 1922. Je sais, elle est bien vieille, fut déjà chaulée, j’en vois les traces, mais je m’ennuierais tant si je ne l’avais plus.
Et Vous savez, c’est l’hiver qui nous l’a faite si grande. Car elle est grange-étable. Donc il fallait, pendant les mois froids et neigeux, y loger nos bêtes, leur nourriture et nos machines.
Sans blague, si cela lui est possible, dites à votre sœur de sauvegarder sa grange, chère Vous. Dites-lui qu’on s’attache à de pareils somptueux édifices. Bien rares sont-ils dans toute une vie.