Pour une histoire du bain
Dans notre étude sur Les modes de vie de la population de Place-Royale [à Québec] entre 1820 à 1859, mon collègue John Willis et moi avons recensé quatre bains. Les appellations varient; on parle de «baignoir», «bain de fer blanc», «bain en zinc» et «tin bathing tub».
Ces bains tiennent probablement de la cuve et se vident sans doute au moyen d’une champlure basse, placée à une des extrémités. Ils n’ont donc rien à voir avec nos bains d’aujourd’hui reliés à la tuyauterie de la maison. À la vérité, jusqu’en 1900, la plupart des maisons, des logements sont construits sans véritable bain et sans même avoir prévu un emplacement pour ce récipient. On n’a pas encore imaginé que chaque résidence pourrait disposer un jour d’un bain.
Or, on l’a vu, le journal La Patrie fait campagne en 1905 pour qu’on dépasse le simple lavage corporel à la débarbouillette et espère la mise en place de bains. Et voilà que le quotidien montréalais est bien heureux d’annoncer la nouvelle suivante à son public lecteur, le 11 juillet 1905.
La campagne faite par La Patrie en faveur de l’usage des bains a eu son effet. M. l’échevin Dagenais, comme il a été annoncé hier dans nos colonnes, propose l’adoption d’un règlement qui oblige quiconque bâtit une maison à la pourvoir d’un bain.
S’il y avait un bain dans chaque maison de nos villes, de nos villages, de nos campagnes, la mortalité diminuait [sic] dans une proportion énorme.
Car ce bain serait une leçon vivante et permanente de propreté.
Quand une fois on a commencé à se laver le corps tous les jours, comme on se lave le visage et les mains, on ne peut plus vivre sans avoir recours à cette habitude.
L’ouvrier, l’ouvrière, l’homme de bureau, la femme de ménage, etc., etc., qui ont travaillé toute la journée, trouvent dans un bain, le soir, une dose de rafraîchissement dont on n’a ni la conception ni l’idée lorsque l’on ne s’en sert pas.
Espérons que l’amélioration proposée par le docteur Dagenais sera suivie d’autres améliorations dans le même genre d’idées.
Les notions de ventilation sont méconnues dans beaucoup de familles.
La Patrie dit à ses lecteurs : couchez dans des chambres dont les fenêtres resteront ouvertes et n’ayez pas peur de prendre le rhume. Vous vous emplirez les poumons d’air frais pendant votre sommeil au lieu de respirer l’air corrompu et vicié des appartements fermés.
On a l’inconcevable habitude dans trop de maisons de barricader les fenêtres, le jour et la nuit, de persiennes à travers lesquelles le soleil ne peut pénétrer, naturellement, dans les pièces et les appartements ainsi fermés à ses rayons.
Or, le soleil et la lumière sont des éléments inappréciables de santé et de confort.
Ouvrez vos fenêtres toutes grandes, plusieurs heures par jour. Cela est indispensable au confort et à la salubrité des maisons.
Un jour, nous pourrons sans doute disposer d’une grande histoire de la «vie saine», comment lentement, morceau par morceau, nous allions vers plus de santé. Et sans l’aide des grandes compagnies pharmaceutiques qui cherchent souvent, et depuis un moment déjà, à tous nous considérer comme des malades dans le but de faire un fric fou avec nous.
Source de l’illustration : http://www.flickr.com/photos/anemoneprojectors/4995365499/
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