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Le Dominion Day

En 1877, le journaliste Arthur Buies, s’étant promené dans les rues de Québec le jour du Dominion Day, nous disait que le Canadien ne montre guère d’intérêt pour cette fête du 1er juillet. Il n’est pas prêt à admettre pour le Canada une autre fête nationale que celle qui est la sienne, la Saint-Jean.

Vingt-huit ans plus tard, quatre ans après le décès d’Arthur Buies, le Dominion Day n’est pas plus populaire chez les Canadiens de Québec. Le correspondant de La Patrie à Québec écrit le 3 juillet 1905 : La fête de la Confédération canadienne a été célébrée samedi dernier en cette ville d’une façon bien calme. À part la traditionnelle salve d’artillerie tirée de la citadelle et la fermeture de quelques établissements de commerce anglais, ainsi que des banques et des bureaux publics, la journée a été tout à fait ordinaire. La température a été belle et très chaude et un grand nombre de citadins en ont profité pour aller faire une promenade à la campagne.

Si le Dominion Day n’est guère populaire à Québec, il est des lieux où on le fête en grand. À Magog, grâce aux deniers de la Dominion Cotton Mills Co., toute la petite communauté participe à la fête. Voici ce qu’écrit, parfois fort laborieusement, un collaborateur de La Patrie le 4 juillet 1905 :

 

Dès l’aube, samedi dernier, une bonne partie des citoyens de la coquette petite ville de Magog était déjà sur pieds, consultant l’horizon, décorant les résidences, affectant un air anxieux et empressé, mettant la main aux derniers préparatifs pour célébrer dignement la fête du jour; vers huit heures, toute la population est en liesse, car la fête de la Confédération est tout un événement ici; cette fête supprime toutes les autres, elle tient le juste milieu et resserre les liens entre les différentes nations qui se coudoient journellement. Cette fête nous attire chaque année un grand nombre de visiteurs.

Déjà, la veille, nous est arrivé un fort contingent de Sherbrooke, Farnham, Brigham, Kingsbury, etc. Une excursion organisée par le comité général nous amène de New-Port, Vt, des parents, des amis et une foule d’étrangers, ainsi que l’équipe de baseball devant prendre part à une joute vs le club Magog.

Les trois hôtels, le New Magog House, tenu par M. D. R. Labonté, le Central Hôtel, tenu par M. O. Garneau, et le Battles House, tenu par M. Jay Taylor, regorgent de monde.

On ne pavoise pas les rues, mais on décore à profusion les édifices publics et les résidences avec des banderoles provenant de la fabrique de textile qui tient lieu de tout ici.

En effet, la Dominion Cotton Mills Co., qui emploie les quatre-cinquièmes de la population : hommes, femmes et enfants, a bien voulu fermer ses portes afin de permettre à ses nombreux employés de chômer joyeusement le Dominion Day.

À onze heures, la procession se met en marche et parcourt les principales rues de la ville. Le défilé se compose essentiellement de voitures ou chars allégoriques, dont la majeure partie proviennent des différents départements de la filature. La fanfare de Magog, sous l’habile direction de M. Chs. Foucher, tient la tête de la procession, suivie par la brigade du feu. Viennent ensuite les chars allégoriques.

Le Cercle dramatique et littéraire de Magog, dont M. Lanahan est le directeur, un char-réclame de la maison de meubles Rolland, les différentes sociétés de bienfaisance (précédées par la fanfare de New-Port), tels que les Artisans canadiens, les Forestiers catholiques, L’Alliance nationale, les Forestiers indépendants et les «Odd Fellows», représentant la veuve, les orphelins, les secours, etc.; et les chars du Dominion Cotton Mills Co. : département des machinistes, ingénieurs, etc., en charge de M. Reynolds, surintendant; une chaumière antique avec un toit de chaume, comparant la filature primitive du chanvre et du lin avec les améliorations modernes d’aujourd’hui, sous la direction de M. C. Clarke; département des tisserands, dont M. G. H. Wilson est le surintendant; le département de l’Imprimerie où des cotons imprimés,«Print Works», exhibaient sur un char, en charge M. D. M. Ross, les produits de l’industrie textile, dont M. J. H. Hindle est le surintendant; Mlle G. Davis mérite une mention spéciale pour une voiture fantaisiste et artistique qui a soulevé l’admiration de tous; Mlle Girard avait une voiture garnie de fleurs attelée à un joli pony; il y avait aussi les voitures comiques, pour ne rien mentionner que celles portant les membres des clubs de base-ball, tous costumés et grimés; une chèvre harnachée de façon a produire l’hilarité sur son passage, etc.

M. Labonté, du «New Magog House», hébergeait (outre plusieurs hôtes et pensionnaires de la maison) les deux clubs de base-ball, et leur a gracieusement offert des voitures toutes pavoisées pour figurer dans la procession; enfin, «the last but not the least», il y avait le char du comité d’organisation, représentant l’Empire britannique et ses colonies, l’armée et la marine, sous la direction de M. J. O. McDonough. La Reine était personnifiée par Mademoiselle Banville.

Au retour de la procession, un lunch fut servi, puis on se rendit en foule au terrain du base-ball, où un joli programme avait été préparé; outre la partie de baseball qui se termina par la victoire du club Magog, avec un «score» de cinq à un, il y avait des régates, courses en canots, concours de natation, ainsi que différentes courses sur le terrain pour hommes, femmes et enfants, avec deux prix accordés à chacune de ces courses, régates, etc., par le comité d’organisation.

Le soir, il y eut feu d’artifice et illumination sur la place du marché et un concert à l’Opéra par le cercle Dramatique et Littéraire de Magog.

Tout s’est heureusement terminé, si ce n’est un peu de pluie dans la soirée, qui empêcha l’exécution d’une partie du feu d’artifice.

 

La carte postale de l’hôtel Battles House de Magog provient du site suivant, en langue anglaise, consacré à des photographies historiques des Cantons de l’Est : http://magogquebec.homestead.com/oldmagog.html

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