Lendemain de mardi gras
Le mardi gras survient invariablement 47 jours avant le dimanche de Pâques. Et comme Pâques est une fête mobile, le mardi gras, d’une année à l’autre, se promène donc dans le calendrier.
Mais vient fatalement un lendemain à la fête, le mercredi des Cendres, où, à l’église, chacun une pincée de cendre déposée par le prêtre sur le ciboulot, nous nous faisons dire que nous sommes poussière et qu’on va y retourner pas mal vite à part de ça. Dur rappel. Imparable.
Instantané d’un de ces lendemains. Celui-ci à Lévis, le 4 mars 1908. Le journaliste du Soleil y est. Nous croirions l’accompagner, marchant parmi ces débris.
On a joyeusement enterré le Carnaval à Lévis. Grimaçants ou souriants, grotesques, horribles, insignifiants ou terribles, les masques remplissaient nos rues hier.
Il y en avait pour tous les goûts et de toutes les couleurs. Partout on a fait bon accueil aux mardi-gras.
Ce matin, en allant recevoir les cendres, on trouvait sur nos routes blanches des débris d’oripeaux que ce vent de folie y avait semés.
Cette magnifique illustration de neuf mardi-gras provient de Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Montréal, Fonds Collection Monique Mercure-Vézina, cote P157, S4, P288.
Il me faut vous dire que j’ai bien ri. Un grand ami m’écrit : « Je te dois de m’avoir enlevé une grande (et forcément ridicule) illusion : moi qui croyais dur comme fer que le carême ne durait que 40 jours (comme les 40 jours du petit Jésus-mes-délices-mes-délices au désert), voilà-t-il pas que tu me balances un carême de 47 jours. Thomas comme je suis, j’ai vérifié au calendrier : stupeur et consternation, c’est bien les 47 jours dont tu parlais. Tu te rends compte : tu viens de jeter par terre et réduire en cendres (!) 63 ans d’illusion pratiquante (bon, disons environ 55 ans, parce qu’à l’âge du biberon ou des premières culottes courtes, j’avais la religion plutôt innocente).
En auras-tu d’autres ainsi des illusions à abattre ? »