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La Saint-Valentin (14 février)

Et puis, le facteur est-il passé ? L’avez-vous reçu votre valentin ? Arrivez-vous à savoir qui vous l’a envoyé ?

Bien oui, nous disions qu’il est coutume au début du 20e siècle, le 14 février, d’envoyer ou de recevoir des valentins. Échos de cette fête dans la presse de l’époque.

La Patrie du 13 février 1901 écrit :

C’est demain la Saint-Valentin, cher aux enfants, petits et grands; de nombreuses images grotesques vont être envoyées, dont quelques-unes, choisies avec esprit, pourront apporter à ceux qui les recevront un enseignement utile.

Malheureusement, la coutume des « Valentins » tombe comme bien d’autres qui n’ont que le tort d’être anciennes et emportent avec elles de vieilles traditions de gaîté.

Ainsi le veut le progrès.

Manifestement, on dirait bien que la coutume se perd à Montréal. Mais pas à Québec, cependant. Le Soleil du 13 février 1909 note :

Le mois de février est le mois des valentins. Comme de coutume, il y en a de toutes sortes et pour tous les goûts. La plupart de ces valentins sont sortis de la manufacture de Geo. C. Whitney Co., de Worcester, E. U. Parmi ces souvenirs, on en remarque de véritablement artistiques et d’autres amusants et romantiques.

La Patrie du 14 février 1899 signale qu’étonnamment, la Saint-Valentin et le Mardi gras tombent le même jour.

Frivolités mondaines se donnent aujourd’hui rendez-vous au double festival. C’est la St Valentin et le mardi gras. Les coutumes d’antan n’ont plus de faveurs, les messagers méchants ont fait trêve de mordante ironie et l’on oublie même l’envoi parfumé et galant à la bien-aimée.

C’est la fête maintenant des enfants. Aux petiots, les chromos excentriques, avec des gros bonshommes à tête de lutin. Dans les familles, les cœurs s’échauffent à la table abondamment chargée. Ce soir les salons étincelants rassembleront les amoureux et dans le tourbillon d’une valse s’envoleront les derniers frissonnements du carnaval.

Demain Jour des Cendres. La porte est désormais close aux échos mondains. C’est le réveil de la pénitence et de la mortification.

Si encore une fois, La Patrie insiste pour souligner la perte de popularité de l’envoi de valentins à Montréal, elle se maintient toujours à Québec. Le Soleil du 15 février 1909 le confirme.

C’était hier [dimanche] le 14 février et par conséquent la Saint Valentin. Aussi combien sont lourds les paquets de matière postale que les facteurs ont à distribuer aujourd’hui. Cette coutume d’expédier des Valentins beaux ou laids ne semble pas devoir disparaître encore cette année, du moins.

7 commentaires Publier un commentaire
  1. Pierre Robitaille #

    Bonjour cher Gardien de l’essentiel,
    Si je saisis bien, la coutume du valentin tel que suggéré dans les articles que vous citez ne concerne pas que les amoureux…
    Se servait-on de cette fête pour acheminer des messages pas nécessairement animés d’une flamme amoureuse mais aussi mâtinés d’une étincelle de moquerie?

    Éclairez mon âme sensible de Cupidon!

    En passant je vous en souhaite de jolis petits valentins, et bien parfumés!

    Pierre

    14 février 2012
  2. Jean Provencher #

    Ah, cher Pierre Cupidon, vous savez fort bien lire ces articles. De 1870 à 1900, à travers les gravures du temps, je perçois un glissement de cette fête. Vers 1870, toute femme, même plus âgée, pouvait recevoir un message d’amour anonyme. Certains larrons, profitant du jour, se glissaient dans le cortège d’expéditeurs pour envoyer un message moqueur, parfois même méchant, à la dame dont ils voulaient river le clou. Bref, réglaient des comptes.

    Et lentement, la fête s’est rajeunie, dirais-je, devenant un jeu pour les enfants, davantage que le chant d’amour à une bien-aimée. Et nous voyons ici que le coutume a tendance à se perdre à Montréal, alors qu’elle demeure vivante à Québec.

    Cela dit, en cette journée, je vis d’espérance, mon facteur passe toujours vers midi.

    14 février 2012
  3. Nicole D. #

    D’abord, je vous souhaite une heureuse St-Valentin Jean. Autant de démonstrations d’amour que d’amitié, sous toutes les formes possibles. Ne serait-ce qu’un simple sourire d’une inconnue ou un appel d’un ami ou d’une amie éloignée. Ici la boîte aux lettres sonne le vide. Pas même une facture, ni papier d’impôt. Le bonheur en somme ! Si nous mettions l’amour dans notre agenda de tous les jours, sans doute serions plus heureux et en définitive le 14 février perdrait tout son sens……… j’ai reçu des chocolats…vous en voulez-un ? je vous l’offre virtuellement de bon coeur !

    14 février 2012
  4. Jean Provencher #

    Merci, chère Nicole. Et à vous de même. Moi ? Mon facteur est passé. Il avait pour moi ma facture mensuelle d’abonnement à internet. Cher prosaïsme. Mais bien utile tout de même. Et je vous préviens, ne tombons pas dans le chocolat, c’est mon point faible, je ploie. Vous risqueriez de perdre dans les minutes qui viennent deux des trois rangs de votre boîte Laura Secord ! Allez, je me laisse tenter. Mais un seul.

    14 février 2012
  5. Nicole D. #

    Ahahah ! vous êtes vraiment « cute » Jean. Vive la jeunesse de votre coeur !

    14 février 2012
  6. Melinda Vörös #

    Voilà, mon cher Oiseau de Québec ses petits grains que je voudrais vous déposer en guise de remerciement de tant d’autres que vous m’avez donnés :

    Et Al-Mitra dit: «Parle-nous de l’Amour.»
    Il leva la tête, posa le regard sur le peuple et le silence régna.
    Puis d’une voix forte il dit:
    «Lorsque l’amour vous fait signe, suivez-le,
    Bien que ses chemins soient escarpés et sinueux.
    Et quand ses ailes vous étreignent, épanchez-vous en lui,
    En dépit de l’épée cachée dans son plumage qui pourrait vous blesser.
    Et dès lors qu’il vous adresse la parole, croyez en lui,
    Même si sa voix fracasse vos rêves, comme le vent du nord saccage les jardins.

    Car comme l’amour vous coiffe d’une couronne, il peut aussi vous clouer sur une croix.
    Et de même qu’il vous invite à croître, il vous incite à vous ébrancher.
    Autant il s’élève au plus haut de vous-même et caresse les plus tendres de vos branches qui frémissent dans le soleil,
    Autant cherche-t-il à s’enfoncer au plus profond de vos racines et à les ébranler dans leurs attaches à la terre.

    Pareilles à des brassées de blé, il vous ramasse et vous enlace.
    Il vous bat au fléau pour vous mettre à nu.
    Il vous passe au tamis pour vous libérer de votre bale.
    Il vous moud jusqu’à la blancheur.
    Et il vous pétrit au point de vous assouplir.
    Puis il vous livre à son feu vénéré, afin que vous deveniez pain sacré pour le saint festin de Dieu.
    Voilà tout ce que l’amour fera en vous afin que vous puissiez déceler les secrets de votre coeur et devenir ainsi un fragment du coeur de la Vie.
    Mais si dans votre crainte vous ne recherchiez que la paix et le plaisir de l’amour;
    Alors il serait préférable pour vous de couvrir votre nudité, de quitter l’aire de battage de l’amour;
    Et de vous retirer vers un monde sans saisons,
    Où vous pourrez rire sans laisser jaillir tous les éclats de votre rire,
    Où vous pourrez pleurer sans jamais libérer toute l’amertume de vos larmes.
    L’amour ne donne rien que lui-même et ne prend rien que de lui-même.
    Il ne peut posséder et ne peut être possédé. Car l’amour suffit à l’amour.

    Lorsque vous aimez, ne dites pas:
    « Dieu est en mon coeur.
    Dites plutôt:
    « Je suis dans le coeur de Dieu. »
    Et ne croyez pas que vous puissiez diriger le cours de l’amour.
    Car si l’amour vous trouve digne, lui-même guidera votre coeur
    L’amour n’a point d’autre désir que de s’accomplir.
    Mais si vous aimez et devez éprouver des désirs, que ceux-ci soient les vôtres:
    Fondre en un ruisseau qui chante sa mélodie à la nuit.
    Connaître la douleur d’un flot de tendresse.
    Être blessé par votre propre perception de l’amour;
    Et laisser couler votre sang volontairement et joyeusement.
    Vous réveiller à l’aube avec un coeur ailé et rendre grâce à Dieu pour cette nouvelle journée d’amour.
    Vous reposer à midi et méditer sur l’extase de l’amour.
    Regagner votre foyer au crépuscule en remerciant le ciel.
    Puis vous endormir avec une prière pour l’être aimé en votre coeur et un chant de louanges sur vos lèvres.»

    Khalil Gibran, Le prophète

    Bien à Vous, mon cher Jean, et à tous ceux qui voudront en picorer!
    Je vous embrasse!

    14 février 2012
  7. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, chère Melinda, de ce beau texte, qui a tant à méditer. Je vous embrasse aussi.

    14 février 2012

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