Les petits pains de sainte Geneviève
Le 3 janvier, c’est la fête de sainte Geneviève, la patronne de Paris. Or, en 1724, à Place-Royale, à Québec, dans l’église Notre-Dame-des-Victoires, on ajoute un autel au côté gauche de la nef, créant ainsi une chapelle latérale dédiée à sainte Geneviève. C’est peut-être alors qu’on crée la tradition des petits pains de sainte Geneviève. Au milieu du 5e siècle de notre ère, Geneviève avait réussi à sauver les Parisiens de la famine, assiégés par les Huns conduits par Attila, en réussissant à faire entrer dans la ville du blé par bateaux. Après son décès, on lui vouera un culte.
C’est peut-être dès ce moment, en 1724, qu’on crée à Québec la tradition des petits pains de sainte Geneviève. Le 3 janvier, à cette église de Place-Royale, on bénit des petits pains en l’honneur de la sainte qu’on distribue aux fidèles. Et la tradition se maintiendra jusqu’à aujourd’hui. Le répertoire toponymique de la ville de Québec (http://www.ville.quebec.qc.ca/toponymie/repertoire/fiche.aspx?idFiche=1062) dit que ces pains protègent d’une façon particulière les mères chrétiennes et les ouvriers sans travail. À vrai dire, le discours varie à ce sujet. Souvent, on trouve un de ces petits pains au fond du sac à main d’une dame, ou dans son porte-monnaie. Alors, elle vous répondra être assurée « de ne jamais manquer d’argent, ou de nourriture ». Chose certaine, selon la croyance, le petit pain fournit protection.
Dans la presse québécoise du début du 20e siècle, je n’ai trouvé qu’une seule mention des petits pains de sainte Geneviève. Tout de même, celle-ci permet de croire que la tradition est toujours vivante. Le journal Le Soleil écrit le samedi 4 janvier 1902 : Demain sera célébrée à l’église de Notre-Dame des Victoires, basse-ville, la fête de Ste-Geneviève. Il y aura grand’messe solennelle à 7 heures, et bénédiction des petits pains.
Même encore récemment, dans ma longue tournée de rencontres en bibliothèque, j’étais heureux de voir, quand me venait le moment de parler de cette tradition, qu’au moins un tiers des personnes présentes connaissaient les petits pains. Après la rencontre, plusieurs d’entre elles s’approchaient pour me montrer qu’elles le portaient avec elles. Certains hommes le sortaient même du fond de leur poche.
On peut trouver à l’année de ces petits pains à l’église Notre-Dame-des-Victoires. Mais avant de vous y présenter, assurez-vous qu’il se trouve un desservant sur place en téléphonant au numéro suivant : (418) 692-1650. On me dit que même des catholiques, provenant des États-Unis, passent régulièrement à Québec pour chercher leur petit pain.
Aujourd’hui même, le 3 janvier 2012, il y a messe ce soir, à 19 heures, à l’église Notre-Dame-des-Victoires, au cours de laquelle on bénira et distribuera les petits pains de sainte Geneviève.
À noter que la petite rue, bordant l’église Notre-Dame-des-Victoires, parallèle aux rues Notre-Dame et Saint-Pierre, porte le nom de rue des Pains-Bénits pour souligner cette tradition.
On saura tout à sur les petits pains de sainte Geneviève à l’adresse suivante, un dossier préparé par Geneviève Roy, Maude Redmond et Imre Nogradi : http://www.ipir.ulaval.ca/fiche.php?id=399
À noter que le Cercle de Fermières Sainte-Geneviève-de-Sainte-Foy, de la paroisse du même nom, à Québec, prépare aussi de ces petits pains distribués le 3 janvier. J’ignore si à Batiscan et à Pierrefonds, des paroisses qui portent le nom de Sainte-Geneviève, on connaît ces petits pains.
Dans l’illustration, les deux petits pains de sainte Geneviève apparaissent entre une pièce de dix cents canadienne et un forint, la devise nationale de la Hongrie.
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