Des nouvelles du faubourg Saint-Roch, à Québec
En 1908, par bonheur pour les historiens du quotidien, le journal Le Soleil tient une chronique régulière sur chacun des quartiers de la ville.
Voici celle du 14 octobre 1908, portant sur le faubourg Saint-Roch, un quartier de condition modeste.
Le journal rappelle d’abord ce triste fait survenu le 14 octobre 1866.
C’est aujourd’hui le quarante-deuxième anniversaire du grand incendie des quartiers St-Roch et St-Sauveur, alors que 55 rues et 2, 500 maisons furent dévastées, jetant plusieurs milliers de familles sur le pavé.
Il faut savoir que Québec a connu de grands incendies au fil des siècles. Celui-ci de 1866 fut l’un des plus dévastateurs. Le feu débuta près de la halle Jacques-Cartier [où se trouve aujourd’hui la bibliothèque Gabrielle-Roy] et, poussé par un vent d’est, il s’étendit à la partie du faubourg Saint-Roch située à l’ouest de la rue de la Couronne et gagna le village de Saint-Sauveur qu’il réduisit en cendres.
Puis, le journaliste nous entretient du parc Victoria, créé une dizaine d’années auparavant sous l’administration du maire Simon-Napoléon Parent.
Une voile de tristesse enveloppe le si beau parc Victoria que des milliers de personnes ont tout admiré et fréquenté durant les jours ensoleillés de l’été.
Les fleurs aux couleurs vives et disparates, ont disparu des ronds et plates-bandes; les arbres se dépouillent de leurs feuilles que le vent emporte et qui finissent par tomber sur le sol.
Les gais oiseaux sont partis pour des cieux plus cléments, l’agile hirondelle s’est aussi envolée pour continuer ailleurs ses doux gazouillements.
La tristesse règne partout dans ce bel Éden, c’est dire que les visiteurs se font de plus en plus rares et que bientôt ils auront complètement déserté le beau parc Victoria.
Le populaire théâtre de vues animées de la Garde Champlain continue d’attirer les foules qui reviennent on ne peut plus satisfaites de ce qu’elles ont vu. Le programme est intéressant et très amusant.
Les représentations dramatiques qui sont données au Théâtre Populaire sont de plus en plus populaires. L’assistance est toujours nombreuse et les artistes de plus en plus forts. Les applaudissements chaleureux qu’ils reçoivent son mérités.
L’image ci-haut rend bien ce qu’étaient les aménagements floraux du parc Victoria au début du 20e siècle. Cela dit, c’est l’automne. Si le parc Victoria est de plus en plus déserté, les théâtres, eux, se remplissent.