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L’Artic de retour à Québec

Le 17 août dernier, sur ce site, nous évoquions le départ de Québec du capitaine Joseph-Elzéar Bernier pour un second voyage dans le Grand Nord. Une lettre magnifique de son historiographe et ami, Fabien Vanasse, présent sur le bateau, nous racontait les premières journées de l’équipage à l’occasion de ce nouveau voyage. Vous retrouverez cet article à l’adresse suivante : https://jeanprovencher.com/2011/08/17/partir-pour-larctique/

Mais, déjà, le capitaine Bernier avait fait un premier voyage en 1904 ! Et le voici de retour à l’automne 1905. Un journaliste du Soleil se rend sur le bateau et nous raconte, le 7 octobre 1905, les premiers échanges avec le capitaine.

Une arrivée un peu inattendue ce matin. Une nouvelle agréable : l’Artic est en face dans le port de Québec ! Aussitôt, un représentant du Soleil s’y rend en chaloupe. À proximité du navire, le journaliste aperçoit quelques hommes de l’équipage, entre autres le vaillant capitaine Bernier, sous l’habit bien parsemé de boutons et de gallons d’or […].

 

Le capitaine qui nous aperçoit nous devine et nous crie : Salut ! Nous montons. C’est une chaude étreinte de mains qui s’ensuit avec le capitaine, M. Vanasse, le lieutenant Pelletier, Paul Levasseur, tous de vieilles connaissances, ces loups de mer actique, heureux de revoir de ces terriens qu’ils avaient salués au moment du départ le 17 septembre 1904.

 

—  Comment allez-vous ?
—  Très bien ! Très bien ! Très bien !
—  Venez chez moi, dit le capitaine.

Et nous entrons dans ce petit compartiment avec M. Vanasse, le lieutenant Pelletier, et le major Levasseur.

—  Et tout votre monde, l’équipage, dit le journaliste, se porte bien, capitaine ?
—  Tous très bien. Personne n’a été malade, sauf peut-être un seul qui a ressenti quelque petit malaise, au cours de l’hiver. Une indigestion, c’est-à-dire un effet d’exubérance de santé ! […]
—  Mais l’hiver, capitaine, est-il bien rigoureux dans cette région ?
—  Mon ami, répond-t-il, vous voyez comment je suis mis, ce que je porte. Eh bien, là-bas, je n’en portais pas davantage, sauf lorsque j’allais en lointaine exploration sur terre ferme ou pour mieux dire sur glace ferme, alors que j’endossais les fourrures et je me coiffais plus chaudement qu’avec cela, dit-il, en montrant sa calotte de toile qu’il avait à ce moment-là. Je vous dis : Je n’ai pas changé mes habits relativement légers que l’on porte ici dans les beaux jours d’automne pour des habits plus chauds.

 

 

 

Et le capitaine était fier de son endurance, sa figure, un peu mafflue, son corps un peu rebondi, d’un joli embonpoint, faisaient foi du bien-être qu’il avait éprouvé.

 

—  Mais savez-vous, répond M. Vanasse, que l’Artic est un vrai petit poêle. C’est chaud, mais c’est chaud ! N’est-ce pas Pelletier, Levasseur ?
—  Ah oui, reprirent, ceux-ci simultanément et spontanément. […]
—  Si nous étions allés deux degrés plus au nord, dit le capitaine, nous aurions été témoins que le soleil, là, ne se couche pas.
—  Et le pôle nord, capitaine ?
—  Je suis prêt à partir dès demain. J’ai reçu, tenez la voilà, une lettre du docteur Nansen, qui approuve entièrement mes projets et mes plans. Il est prêt à mettre le Fram à ma disposition et m’accompagner.

 

Nous regrettons de ne pouvoir transmettre, le temps nous manque, toutes les remarques et nouvelles au point de vue scientifique dont le capitaine Bernier nous a fait part.

Cet homme est tout un personnage. Et têtu, en plus. Il retournera, ce diable.

L’illustration ci-haut, une coupure de presse non datée, remontant aux années 1930, est l’un des 25 documents dans un dossier portant sur le capitaine Joseph-Elzéar Bernier déposé au Centre d’archives de Québec. Voici la référence exacte : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Collection Centre d’archives de Québec, Cote : P1000, S3, D2380. Tout en haut, à gauche, on aperçoit son navire, l’Artic. Tout en bas, à droite, l’homme tel qu’il était lors de ses voyages dans le Grand Nord.

 

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