Un coin de Québec en évolution
À Québec, pendant longtemps, la rivière Saint-Charles vient lécher le pied de la côte du Palais. Sous le Régime français, grâce au creusage de souilles, des espaces pour y construire des bateaux, on y établit même un chantier naval, celui dit du Palais.
Mais, avec le temps, l’endroit devenu inutile, on se livre petit à petit à du remplissage, si bien que la vocation de cet espace se modifie. Sur ces terrains neufs pris sur la rivière Saint-Charles, le grand marché Saint-Paul prendra place. Pour l’approvisionner, les cultivateurs pourront s’amener par bateau. Mais bientôt, toujours en continuant de gagner du terrain sur la rivière, c’est le train qui viendra définitivement occuper les lieux. À travers le sort du Beaver, c’est ce que rappelle ce texte du journal Le Soleil le 11 mai 1908.
«Le remorqueur Beaver, qui a toute une histoire intéressante, n’est plus que l’ombre de lui-même, au havre du Palais. Sa coque, dépourvue de ses machineries, disparaît sous les eaux de la rivière Saint-Charles à toutes les marées. Bientôt, de ce remorqueur, autrefois si puissant et si populaire, on peut dire, il ne restera plus rien, sinon sa renommée passée. Les souilles du havre du Palais se remplissent rapidement. Encore un des points intéressants du vieux Québec qui disparaît. Bientôt, toutes les souilles, comprises entre le quai de la compagnie du gaz et la rue Saint-Roch, auront disparues devant le progrès, pour faire place à de nouvelles voies de la compagnie du Pacifique Canadien. Les bateaux et goélettes aux voilures blanches ont dû chercher refuge ailleurs.»
L’image montre la sculpture-fontaine de Charles Daudelin, Éclatement II, devant la gare du Palais.