L’écrivain et poète Robert Choquette propose une définition d’aimer
Aimer, mais c’est jaillir hors de son étroitesse
Comme un bourgeon soudain éclate en rose ! Aimer,
C’est flamboyer de joie à travers sa tristesse,
C’est soigner les douleurs des autres, et semer
Son âme à pleines mains pour féconder le monde !
Aimer, c’est être bon ; c’est se mettre à genoux
Devant toute souffrance et toute plaie immonde,
C’est élargir son cœur pour en donner à tous !
Aimer, mais c’est chanter comme l’eau sur le grève
Et les bois infinis ! Aimer, mais c’est donner,
Donner tout ce qu’on a, donner tout ce qu’on rêve,
Savoir tout oublier comme tout pardonner !
Aimer, c’est avoir de l’âme jusqu’aux moelles,
C’est avoir des désirs, des soifs de vérité,
Des élans vers l’azur, des cris vers les étoiles !
C’est métamorphoser la laideur en beauté,
Les blasphèmes de l’homme en hosannas sublimes !
Aimer, c’est vouloir étreindre l’univers ;
C’est avoir des désirs de courir sur les cimes
Et de plonger son corps parmi les sapins verts,
De c rier jusqu’au ciel le cri de ses entrailles
Et de monter toujours vers l’aurore, pareil
À l’oiseau matinal qui jaillit des broussailles
Pour prendre sa gorgée à même le soleil !
Ce poème de Robert Choquette (1905-1991), influencé très jeune par Lamartine, fut publié en 1925 dans son premier ouvrage, À travers les vents, alors qu’il n’a que 20 ans, une réalisation qui lui vaut l’année suivante le Prix David.
Robert Choquette, Poèmes choisis, précédés d’une chronologie, d’une bibliographie et d’un texte de M. Jean Éthier-Blais, Montréal, Bibliothèque canadienne-française, Fides, 1970, p. 33.