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Une planète aux vies multiples

Colinvaux couvertureOriginaire de Londres, en Angleterre, Paul Colinvaux (1930-2016) fut écologiste et professeur émérite à l’université américaine Ohio State. Dans sa série «Science ouverte», les Édtions du Seuil, à Paris ont publié en 1982 son ouvrage Les manèges de la vie. Cycles et ruses de la nature, paru quatre ans plus tôt sous le titre Why big fierce animals are rare : an ecologist’s perspective.

Voici des extraits du «Prélude» de ce livre :

La terre, au sein de l’espace, est une boule de roches dont la croûte dure flotte sur un cœur en fusion. La croûte se tord et se déplace au lent tempo des ères géologiques donnant naissance à cet étrange réseau de formes intriquées que sont les continents et les grands océans. […]

S’il vous arrivait de regarder la terre depuis le fond de l’espace, tout vous semblerait silencieux et calme. Les convulsions de la croûte terrestre sont trop lentes pour qu’on puisse les percevoir à l’échelle de nos courtes vies. Même les violents mouvements de l’air seraient difficilement décelables, d’une part à cause des échelles de temps et de distances impliquées, d’autre part à cause de la transparence des gaz. Les seuls signes de mouvement seraient les lents glissements des nuages et le passage du vert au brun, puis au blanc sous les latitudes élevées, lorsque l’été cède la place à l’automne, puis à l’hiver.

Mais si, d’un plongeon, vous vous rapprochez de cette croûte rocheuse jusque dans l’atmosphère, vous ne trouvez que bruit et excitation comparés au silence éternel de l’espace immobile. Non seulement l’air tourbillonne et l’eau bouillonne, mais un extraordinaire réseau d’objets vivants murmure et s’agite sur la face du monde. Ces êtres sont répartis sur une faible épaisseur, là où la pellicule atmosphérique est au contact de la croûte rocheuse. Ils se partagent l’énergie qui se déverse sur la terre, comme ils se partagent sa surface et l’immense espace à trois dimensions des océans. Ils se côtoient et s’accommodent les uns des autres, vivant et laissant vivre, toujours adaptés au genre de vie qu’ils doivent mener, vie aux formes souvent très diverses.

Traduction de Jean Matricon et Dominique Morello.

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