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Dans la série «D’autres habitants de la terre» (3)

Ou comment présente-t-on d’autres pays du monde dans la presse québécoise d’il y a plus de 100 ans. Aujourd’hui : les Samoa. L’article provient du quotidien québécois Le Canadien du 10 juin 1889.

Les Îles Samoa

Depuis quelque temps, il est fait souvent mention des îles Samoa dans nos dépêches. Tantôt il s’agit d’une insurrection, tantôt d’une tempête épouvantable; hier, on parlait d’une conférence à Berlin, aujourd’hui, on annonce un traité signé par les puissances intéressées. De sorte que nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en leur donnant quelques renseignements géographiques sur ces îles.

L’archipel des Navigateurs ou îles Samoa, découvert vers 1768 par Bougainville, se compose de quinze à vingt îles dont quatre seulement ont une véritable importance. Ces dernières sont : Oupolou, longue d’environ 39 milles sur 15 de large, ayant seize milles habitants; Savaï, un peu plus étendue que la précédente, mais comptant seulement douze à treize milles âmes; enfin Manoua et Tétouila, beaucoup moins importantes comme surface, mais bien peuplées, assez bien cultivées et présentant de bonnes rades, en particulier Tétouilla.

Apia est la capitale d’Oupolou et peut être considérée comme le centre politique du groupe.

Le climat des îles Samoa est généralement sain; cependant les fièvres n’y sont point inconnues. Les saisons sèches et humides s’y succèdent d’une façon inverse de ce que nous voyons en Europe, l’hiver commençant là-bas quand se font sentir ici les premières chaleurs de l’été. La température, bien que généralement élevée, a une régularité qui ne la rend point insalubre; point de sauts brusques ni vers le chaud ni vers le froid. Pendant la saison humide, les vents du nord prévalent, et les vents du sud pendant la sécheresse.

Actuellement et bien que la qualité du sol, comme le climat, se prête à la culture de tous les produits obtenus sous les tropiques, les seules plantes en faveur sont le cocotier et le cotonnier.

Le commerce et l’agriculture des îles Samoa se trouvent, depuis un certain nombre d’années, aux mains des Anglais, des Américains et, plus encore, des Allemands, grâce à l’influence qu’a su acquérir dans l’Archipel la maison Godefroy, de Hambourg. Les magasins les plus considérables d’Apia appartiennent à cette société.

Les hommes sont généralement tatoués de la ceinture au genou. Leur vêtement — pour ceux qui en portent — est d’une simplicité primitive; il consiste en une ceinture d’étoffe, qui s’enroule d’abord autour de la taille, passe entre les jambes et est ramenée par devant, pour se fixer sur une des hanches.

Les femmes portent une jupe tombant de la ceinture au milieu de la cuisse, ou simplement une ceinture de feuillage; ceci dit pour l’extérieur, car, à l’intérieur des habitations, généralement hommes et femmes ont conservé l’antique toilette d’Adam et d’Eve.

Depuis quelques années cependant, les modes européennes tendent à s’introduire aux Samoa, et il n’est pas rare de rencontrer des indigènes affublés de pantalons et de jupes sortant des maisons de Hambourg ou de Dresde.

C’est surtout le dimanche, pour aller aux offices religieux, que les élégants d’Apia aiment à faire montre de ces oripeaux européens. Le spectacle de cette foule étrange, dans laquelle l’un porte un chapeau, l’autre une chemise, celui-ci un faux-col, tel autre une chaussette, ne manque pas d‘être très réjouissant.

Les indigènes habitent des cases bâties en troncs d’arbres et recouvertes de feuilles de cocotier ou de canne, entrelacées de façon à constituer d’impénétrables abris; le toit généralement élevé affecte tantôt une forme pointue, tantôt celle d’un dôme.

Leur façon de vivre est grossière. En outre de quelques poissons, il se nourrissent de co prah, c’est-à-dire de l’amande de la noix de coco, de canne à sucre qu’ils mâchent par manière de passe-temps, et d’une sorte de breuvage ou de bouillie, préparé avec du lait de coco de l’amande pulvérisée de l’arbre appelé Piper Methysticum. […]

En somme, l’ancien archipel des Navigateurs, bien qu’il n’ait été étudié scientifiquement encore ni au point géologique, ni sous le rapport ethnologique, n’en est pas moins assez connu pour qu’on puisse affirmer sa valeur. C’est une terre fertile, vierge, propre à toutes les cultures des régions tropicales, spécialement à celle du coton, de la canne à sucre, du café, de la vaisselle et du poivre.

 

L’illustration d’un guerrier samoan an 1896 provient de la page Wikipédia consacrée à Samoa.

Dans cette série, nous avons déjà eu l’Islande et le Japon.

4 commentaires Publier un commentaire
  1. Esther #

    La dernière phrase fait mention de ‘la vaisselle » dans la liste des produits qu’on pourrait y cultiver… Mais de quoi peut-il s’agir ?

    6 juin 2014
  2. Jean Provencher #

    Je me demande bien si ce n’est pas le nom vernaculaire du ou de la Licania octandra, l’arbre à vaisselle, qui pousse dans l’hémisphère sud, la vaisselle étant un petit fruit.

    7 juin 2014
  3. Esther #

    Merci d’avoir aidé ma recherche avec le nom latin ! J’ai trouvé ce qui suit sur un lien, en cherchant « licandra arbre à vaisselle »:

    arbre à poterie vernaculaire français FRA France

    « Cette dénomination lui vient du fait que sa cendre était utilisée pour apporter la silice nécessaire à la fabrication de poteries de qualité dans des régions manquant de cette matière première. Les potiers utilisaient l’écorse de l’arbre qui était transformée en charbon de bois, puis écrasé en une fine poudre et incorporée à l’argile. »

    http://82.67.101.128/index.php?categorie=200&op=fiche&appellation_nsr=Licania+octandra+%28Hoffmanns.+ex+Schult.%29+Kuntze+subsp.+octandra&appellationannee=%MTg0MQ==%&via=Histographe&introspect=ok

    7 juin 2014
  4. Jean Provencher #

    Merci, merci, chère Esther. Nous progressons, nous progressons.

    7 juin 2014

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