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Chers Français, chers Belges, un voyage au Québec, ça vous dirait ?

À la fin du 19e siècle, installé à Paris, Auguste Bodard est agent de colonisation pour le Canada. S’adressant à des ingénieurs, des capitalistes, des savants, des agriculteurs et des journalistes, il organise en août et septembre 1899 un voyage de découverte.

Voici son texte de présentation que quelques journaux parisiens publient.

Visiter un pays qui compte près de deux millions d’habitants parlant français, retrouver en Amérique une ancienne colonie française abandonnée en 1763, aujourd’hui prospère et assurée d’une brillante destinée sous le protectorat de l’Angleterre; venir constater la vitalité, l’énergie d’un peuple qui, laissé à ses propres forces, il y a 140 ans, est un témoignage du génie colonisateur de notre race, devrait être le rêve de tout Français, le complément indispensable à son éducation.

C’est donc un plaisir pour moi d’indiquer d’une manière pratique, à tous ceux qui seront tentés de faire un voyage en Canada, les principales excursions à faire, les plus beaux sites à visiter, de manière à ne pas perdre de temps et à voir le plus possible.

Heureux si un grand nombre de Français et de Belges tirent profit et utilité de ces quelques notes et se décident à aller constater par eux-mêmes combien, là-bas, la vie est facile et à bon marché, le placement des capitaux rémunérateur, la culture payante, le climat sain et le séjour agréable au milieu d’une population sympathique qui leur donnera l’illusion de la patrie absente. […]

Je conseille toujours d’arriver en Canada par la voie du Saint-Laurent et de revenir en Europe par New-York.

La voie du Saint-Laurent est si pittoresque, si grandiose que je ne saurais trop la recommander. On remonte ce fleuve admirable pendant près de trois jours; des deux côtés s’échelonnent des paroisses françaises; pendant plus de 1,800 kilomètres, on voit la terre, on n’est plus sur mer, le spectacle qui se déroule aux yeux ne peut jamais s’oublier, il est unique au monde.

Terre-Neuve, le pays de la morue, Anticosti, le royaume de M. Menier, le grand fabricant de chocolat, l’Île d’Orléans, s’offrent tour à tour à la vue, et bientôt Québec apparaît sur son promontoire avec ses maisons brillantes couvertes en fer blanc et la citadelle qui la domine. Nous sommes dans la plus vieille ville française d’Amérique fondée par Champlain, dont on a inauguré la statue l’année dernière. […]

De Québec, on doit aller visiter Ste Anne de Beaupré, le pèlerinage célèbre du Canada, la chute Montmorency, plus haute que le Niagara, Grand’Mère, un petite ville de 6,000 habitants qui n’existait pas il y a cinq ans et où des Américains, utilisant une chute d’eau qui s’y trouve, ont fondé une immense fabrique de bois et de papier.

De là à Roberval, lac St-Jean, le trajet est facile, c’est une région nouvelle de colonisation, on peut faire des promenades sur le lac, visiter la réserve des sauvages, le monastère des trappistes, pêcher le ouananiche [sic], une espèce de saumon qui attire les pêcheurs américains de plusieurs centaines de lieues.

De Roberval à Chicoutimi, dans cette ville, visiter les chutes, la fabrique de pâte à papier, les scieries. Chicoutimi est situé sur le Saguenay, une rivière superbe, encaissée entre des rochers d’une profondeur énorme. On la descend en bateau à vapeur. C’est l’excursion à la mode; le fameux Saguenay est connu dans toute l’Amérique.

De Chicoutimi, on peut revenir à Québec par le bateau, mais on peut aussi descendre en route à la Rivière du Loup, petite ville française d’où l’on peut aller visiter en voiture Cacouna, la place à la mode du Canada.

Une excursion à recommander est celle de la Rivière du Loup en Gaspésie, dans la Baie des Chaleurs. Le train vous mène à Dalhousie, et de là, un bateau à vapeur vous conduit, en longeant la côte, jusqu’à Gaspé, sur une baie et une mer splendides; pendant 800 kilomètres, c’est un voyage féérique, comme sur un lac.

Au retour, voir Percé et son rocher, la pêche à la morue et débarquer à Port Daniel où Jacques Cartier, le découvreur du Canada, a posé le pied pour la première fois sur la terre canadienne, le 20 juillet 1534. On peut y pêcher la morue et le homard que l’on y met en boîtes.

De Port Daniel à Paspébiac, le port d’hiver de la province de Québec.

Retour par le chemin de fer Intercolonial jusqu’à Montréal, la métropole canadienne qui compte près de 300,000 habitants et reçoit des navires océaniques de plus de 10,000 tonnes. Consulter les guides et aller voir le Mont-Royal, l’île Sainte-Hélène, les rapides de Lachine.

De Montréal, aller à Toronto, la capitale de la province de l’Ontario; de là en bateau aux chutes Niagara.

Retour à Toronto, et de Toronto à Montréal en bateau sur le lac Ontario et le Saint-Laurent à travers les Mille-Iles. Un des plus jolis voyages. […]

De Détroit à Chicago ou Montréal, retour en France par New-York. Quant aux prix du voyage en 1ère classe depuis Paris ou Bruxelles et retour, il faut compter sur 1,000 ou 2,000 fr., suivant le temps du séjour en Canada, et le trajet adopté. Pour 1,000 à 1,200 fr., par personne, vous pouvez faire une très jolie excursion en Canada avec 3 ou 4 semaines de séjour dans le pays, y compris le bateau, le chemin de fer et les hôtels.

 

Ce texte de présentation d’Auguste Bodard fut publié dans La Tribune, de Saint-Hyacinthe, le 31 mars 1899.

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