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Le plaisir des bals de carnaval

La chroniqueuse Françoise [Robertine Barry] trouve que les carnavals sont toujours trop vite passés et elle prend plaisir ici à participer au bal… pour observer. La Patrie lui donne la parole le 13 février 1893.

Tout passe ici-bas, le carnaval aussi. Et, de toutes choses, c’est encore lui qui passe le plus vite.

Brusquement, il s’évanouit, entre quelques coups d’archet et deux tours de valse; avant que les fleurs soient flétries dans les vases, avant que les lumières des banquets soient encore éteintes.

Que laisse-t-il derrière lui ? des regrets de sa disparition, des débris de toilettes et une foule de souvenirs, qu’il faudra ajouter à tant d’autres, dormant là-haut dans le grenier du cœur.

Quel dommage que tout finisse si vite ! C’est pourtant bien gai une salle de bal avec ses girandoles de lumières, ces décors, cette musique entraînante qui parle à l’âme et aux sens.

Puis, le cortège de cavaliers défilant tour à tour, après le premier brouhaha des présentations, des sollicitations, des coups de crayon sur les carnets et chacun s’accouple, se disperse, qui, pour danser avec entrain aux sons de l’harmonie, qui, pour se promener lentement autour des grands salons, ou faire un bout de causerie dans les coquets boudoirs.

Les toilettes sont fraîches. Chacune jette sa note de couleur sur le fond de la scène; le blanc se marie au bleu, au lilas; de gros bouquets de roses relèvent l’éclat plus sombre des dentelles noires, et de tous ces nœuds de rubans, ces velours, ces gazes transparentes, s’échappent des parfums subtils, grisants, qui flottent mollement dans l’atmosphère attiédie des appartements.

Tout le monde est en gaieté, les sourires se font plus doux, plus charmants, et les lèvres ne murmurent plus que le plus aimable des langages.

Chacun est appelé à jouer sa partie dans la comédie des salons. Il est regrettable qu’on ne puisse poser de temps en temps en simple spectateur, s’emparer d’un petit coin et en faire son poste d’observation.

Comme on verrait un spectacle amusant ! comme on lirait d’impressions diverses sous le dessous de ces masques de fête. […]

Les grands bals, les brillantes réceptions, les thés masculins ou féminins tirent à leur fin.

Bientôt le carnaval 93 ira rejoindre les autres et ne sera plus qu’une chose du passé. Nous irons les retrouver quelque jour pourtant. Plus tard et plus vite hélas ! que nous retrouvons nos inconstants partners dans une salle de bal.

 

Ci-haut, ce portrait d’une dame non identifiée, photographiée lors d’un bal costumé historique au Château Ramezay en 1898, est déposé à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec Vieux-Montréal, Fonds Famille Landry, Souvenirs de famille, Photographies, cote : P155, S1, SS1, D243.

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