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Des nouvelles de ce LeRoyer

Feuilletant les pages des journaux anciens, des êtres surgissent, têtus, tenaces, que l’histoire n’a pas retenus, et qui vous crient quasiment de les «repêcher». Du moins ne peut-on s’en empêcher.

En 1885, on le dit «figure sympathique habitant près des forêts du Maine» ayant domestiqué un jeune orignal. En 1902, le voilà né en France, marié à une Algonquine, une Saint-Aubin de Saint-Paulin de Maskinongé, à l’origine de la création d’un cirque du nom de Cirque indien et africain. Ici, dans le quotidien  montréalais L’Étendard du 6 février 1884, le voici habitant l’Alaska depuis de nombreuses années, Mexicain par son père et Sioux par sa mère, lançant un défi aux raquetteurs d’Amérique du Nord.

Aux marcheurs de raquettes. M, Pierre LeRoyer, d’origine mexicaine par son père, et dont la mère était de la tribu des Sioux, lance un DÉFI À N’IMPORTE QUEL HOMME DE TOUTE L’AMÉRIQUE de pouvoir le suivre à la raquette, L’ESPACE DE CENT MILLES, sans arrêter, et sans boire ni manger, et cela, BEAU TEMPS OU MAUVAIS TEMPS.

Allons ! voilà un défi qui est sérieux. Où est l’heureux mortel capable de le relever ?

Ce M. Pierre LeRoyer vient d’arriver à Montréal. Depuis de longues années, il habite le territoire de l’Alaska, États-Unis, où il a une réputation sans rivale comme marcheur.

Le même LeRoyer expose actuellement à l’hôtel de Chambly, place Jacques-Cartier, un orignal splendide, mesurant cinq pieds et cinq pouces de hauteur, et qui pèse sept cent trente livres, et qui n’est âgé que de dix-huit mois.

 

Le 9 février 1885, L’Étendard de Montréal, citant le Progrès de l’Est, y va d’un nouvel article.

Il est établi dans les environs du Lac Mégantic, au coin du canton Louise, à une courte distance des forêts du Maine. Il ne s’occupe que de chasse et de pêche. C’est un bel homme, solidement bâti, portant une chevelure flottante sur les épaules. Son costume sauvage de peau d’orignal lui donne l’air d’un enfant de la forêt. Il est d’origine française, cependant étant né à la Louisiane. Il paraît être âgé d’une quarantaine d’années et il a parcouru les montagnes du Texas et de l’Ouest, avant de planter sa tente dans nos cantons.

C’est un homme instruit et qui parle admirablement bien le français, l’espagnol, etc. Il est venu à Sherbrooke accompagné de son épouse, avec un équipage bien rare au Canada: un superbe orignal attelé. Il a pris cet orignal alors qu’il était encore tout jeune et l’a apprivoisé et instruit au point d’en faire ce qu’il veut.

Ce bel animal a deux ans et demi. Au pas, il fait six milles à l’heure. Au grand trot, ça ne le force pas d’aller de quinze à l’heure ! Avec cette diligence, M. LeRoyer peut se passer des chemins de fer. Chose remarquable, cet homme d’élite, — car c’en est un, — préfère la solitude de la forêt au brouhaha des villes. C’est le cas de dire: trahit quemque sua voluptas.

Pierre LeRoyer a été un des témoins dans l’affaire Sougraine accusé du meurtre de sa femme.

 

Un jour, il faudra bien que quelqu’un s’attaque à une biographie de ce coloré LeRoyer.

L’illustration est parue d’abord dans L’Album universel (Montréal) du 16 juin 1906. On la retrouve aujourd’hui sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, au descripteur «Leroyer, Pierre-Jean».

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