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«Nos hommes forts» (seconde de deux parties)

Hier, nous en étions donc à la rencontre prochaine de Cadet Blondin et d’un batailleur qui le défiait. Suite de cette histoire parue dans Le Sorelois du 6 février 1885. Mais on ne saura pas ce qui est advenu entre les deux hommes. Retrouvons tout de même le fil.

Blondin était un colosse. Il pesait plus de 500 livres. Il s’était fait faire une chaise de fer. C’était une vraie curiosité de le voir. Sa renommée s’étendait au loin et on venait de toutes parts lui rendre visite. L’un de mes oncles maternels m’a raconté qu’un jour, il lui prit la fantaisie d’aller lui aussi présenter ses hommages à cet Hercule moderne.

J’arrivai chez lui vers le soleil couchant, dit-il. À quelques arpents avant d’arriver, j’aperçus près du seuil de la porte une masse informe que je pris pour un four. Mais, rendu à la maison, je reconnus mon erreur et que c’était Cadet Blondin qui fumait sa pipe sur sa chaise de fer.

Vous parlerai-je, maintenant, de Rose et Frédéric Thibault, de Saint-Grégoire ?

«La Rose» Thibault était une jolie grande fille qui vous empoignait un porc vivant de 500 livres et le lançait avec dextérité par-dessus une clôture de quatre pieds de hauteur. Elle n’a jamais rencontré un garçon qui pût lui tenir tête…

Frédéric Thibault, son frère, s’occupait surtout au défrichement de la terre. Pour faire de l’abatis «ou de la terre neuve». Il n’avait pas son pareil. Il dédaignait les moyens ordinaires. Jamais il n’employait de bœufs ou de chevaux et rarement il se servait de hache pour «faire de la terre». Il arrachait tout à la main. Arracher de petites épinettes rouges de la grosseur d’un tuyau de poêle était un vrai jeu d’enfant pour lui !

Ab uno disce omnes.

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Et Jules Leduc qui, les jours de fête, ne manquait jamais de boire ses trois douzaines d’œufs, en guise dessert, à son repas du midi !

Pierre Boudreault, qui, un jour, travaillant dans une des scieries de Nicolet, a porté 27 planches de pruche verte et toute trempée d’eau !

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Que dire de Narcisse Rouleau, de St. Grégoire ? C’était un creuseur de puits. Il a passé la plus grande partie de sa vie au fond de la terre. Il excellait surtout à «pierroter» les puits. On l’a vu souvent enlever et poser des pierres qu’un cheval ne pouvait traîner. Une fois, Rouleau était à une profondeur de 20 pieds dans la terre. Le puits qu’il creusait se trouvait près du chemin public; une voiture vint à passer; juste au moment où elle passa, Rouleau lança avec sa bêche une motte qui s’en vint frapper la voiture avec tant de violence qu’elle en emporta la «couverture» avec le chapeau de castor du propriétaire !

Étant un jour sorti de ses puits pour monter sur le faîte d’une grange qu’il avait entrepris de coltorer, l’échelle qui le retenait se rompit tout-à-coup et Rouleau dégringola. Pour comble de malheur, sa cuvette de «coltar» lui tomba sur la tête. On comprend que la position était critique. Pour se débarbouiller et se mettre au naturel, il lui a fallu dépenser 28 livres de suif.

Depuis ce temps-là, il n’a jamais voulu monter de nouveau sur aucune grange

Une autre fois encore, il a crépi toute une maison à lui tout seul. Trois hommes avaient peine à fournir le mortier.

* * *

Pratte est un forgeron, aussi de St. Grégoire. Il amuse souvent ses pratiques en empoignant son enclume par la corne, d’une main, et une bouteille de wiskey, de l’autre, en faisant le tour de son atelier, mais non sans ingurgiter sa bouteille… c’est-à-dire le wiskey !

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Un autre qui est aussi joliment fort, c’est le bonhomme Rossignol. Prendre un cheval par la queue et l’arrêter net, quand il se trouve en voiture avec quelque ami, c’est un de ses tours favoris !

N’est-ce pas que mes héros valent la peine qu’on les fasse jaillir à la lumière !

Brûle Moustache.

 

La gravure est extraite de l’ouvrage de Benjamin Sulte, Histoire de Jos. Montferrand, L’athlète canadien, Montréal, Librairie Beauchemin, 1899, p. 12.

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