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«La bêtise humaine»

Camille Flammarion (1842-1925), astronome français convaincu que nous ne sommes pas seuls dans l’Univers, a toujours cherché à rendre accessible ses travaux au plus grand nombre. Et il n’en revient pas que la bête humaine ait un appétit fou pour le sang, la guerre, et non la paix.

L’homme n’est jamais venu au Québec. Et ses réflexions nous arrivent alors grâce au télégraphe et à la volonté de la presse québécoise de parfois les publier. De Joliette, L’Étoile du Nord du 29 décembre 1887 y va d’un de ses textes qu’il a intitulé «La bêtise humaine». Observations d’un grand scientifique de son temps.

L’humanité est en guerre perpétuelle contre elle-même, sans qu’elle ait jamais pris le temps de réfléchir et de se demander pourquoi. Elle s’ouvre les veines pour le seul plaisir de voir couler son beau sang, toujours jeune et toujours renouvelé.

Combien la guerre dévore-t-elle d’hommes par siècle ? Les rapports officiels permettent de calculer assez facilement le nombre des soldats tués ou morts pendant les guerres modernes, et les traités d’histoire les mieux accrédités conservent des documents suffisants pour notre édification.

Ainsi, par exemple, nous savons aujourd’hui que l’inexplicable guerre franco-allemande de 1870-71 a fait 250,000 victimes des deux parties; que l’inutile guerre d’Orient de 1854-55 en a fait 785,000; que pendant la rapide guerre d’Italie de 1859, 63,000 hommes sont tombés sur les champs de bataille ou morts dans les hôpitaux; que le jeu d’échecs de la Prusse à l’Autriche en 1866 a mis hors de la vie 45,000 individus; que la rivalité du nord et du sud des États-Unis en 1861-65 a causé la mort de 950,000; nous savons aussi que les guerres du premier empire ont versé le sang de cinq millions d’Européens, et que, depuis 1815, la France a encore pris vingt fois les armes.

En additionnant les chiffres des victimes de la guerre depuis un siècle, dans les divers États de l’Europe, on trouve un total de 10,840,900 pour les pays de notre civilisation seulement, Europe et États-Unis.

L’extravagance humaine de cette planète est ainsi faite qu’au lieu de mener une vie tranquille, laborieuse, intellectuelle et heureuse, elle se suicide perpétuellement en s’ouvrant les quatre veines et en jetant son meilleur sang dans ses convulsions frénétiques. Voyez-la à l’œuvre cette humanité : elle choisit ses enfants les plus forts, les allaite, les nourrit, les entoure de soins jusqu’à la plénitude de leur âge viril, puis les aligne méthodiquement.

Comme il n’y a que 36,535 jours par siècle et qu’il lui faut poignarder 42 millions d’individus, elle ne lâche pas un seul instant sont couteau, en égorge sans fatigue 1,100 par jour, presque 1 par minute, 40 par heure ! Et il n’y a pas de temps à perdre, car si par hasard on se repose un seul jour, c’est 2,200 condamnés qui attendent leur tour pour le lendemain.

Voilà à quoi les hommes s’occupent. Pouvons-nous sérieusement espérer qu’un jour l’humanité reconnaîtra sa sottise, que les peuples atteindront l’âge de raison et que la guerre infâme cessera enfin de souiller cette planète, mieux éclairée sur les véritables conditions de son bonheur ? […]

O nos frères du système de Sirius ou de Capella ! Si vous distinguez de si loin, combien vous devez rire de la «politique» nationale et internationale des indigènes de la Terre !

Camille Flammarion

 

Voici cette chanson magnifique interprétée par le Kingston Trio. Où sont passées toutes les fleurs ? Quand donc apprendront-ils ? Accompagnement.

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