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Douceurs au téléphone

Question. Sitôt qu’apparaît un nouveau réseau social, pourquoi, dès la «mise en bouche», de nouveaux amours ne naîtraient-ils pas ? Comme internet aujourd’hui, pourquoi la poste, le télégraphe, le téléphone n’auraient pas contribué à la naissance de nouveaux rapports amoureux ?

Courons vite à L’Étoile du Nord (Joliette) du 16 décembre 1886.

 

La compagnie de Téléphone vient de distribuer le nouvel almanach d’adresses de ses abonnés. On y voit que Montréal est maintenant en communication avec 183 villes ou villages. Nous pouvons converser avec les Townships de l’Est, Saint-Hyacinthe, Saint-Jean, Toronto et même Détroit.

Mais le dernier mot de cette grande invention n’est pas encore dit. Le London Electrical Review nous annonce une amélioration dans le genre de conversation. Dans un seul bureau d’une ville du Connecticut, dix-huit jeunes filles employées par la compagnie ont épousé des abonnés. Ces heureux mortels ont été plus prompts que d’autres à apprécier les beautés du téléphone. Rien de plus commode que cette fréquentation à distance qui supprime du coup toutes les inquiétudes des mamans.

Le téléphone, à ce point de vue, fait preuve d’une grande supériorité sur une autre invention moderne, le type writing. La machine à écrire aura bientôt remplacé tous les copistes, pour la bonne raison qu’elle est plus expéditive et qu’elle livre une meilleure minute. Mais elle ne vaut rien dans le genre intime; imaginez donc un épanchement d’amant exalté scandé par un son de cloche à la fin de chaque ligne.

Et quand votre belle vous répondra :

Si vous saviez tout de que mon cœur éprouve; mais mon clavier est impuissant à l’exprimer !

Décidément le progrès tue la poésie.

 

Source de l’illustration : l’Album universel, 18 novembre 1905, à l’adresse http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/accueil.htm, au descripteur «téléphonistes».

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Ode #

    Mes parents se sont connus comme ça au début des années 40. Mon père appelait, de St-Charles, sa blonde à Ste-Marie-de-Beauce. Mais il fallait passer par la téléphoniste de St-Anselme. La femme à la belle voix.

    12 décembre 2013
  2. Jean Provencher #

    Ô ! Incroyable !

    12 décembre 2013

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