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Étrange découverte

Le bi-hebdomadaire Le Trifluvien (Trois-Rivières), dans son édition du 1er mai 1889, raconte cette histoire qui se passe dans le faubourg Saint-Jean, rue Sainte-Madeleine, à Québec.

M. Isidore Trudel, menuisier du faubourg Saint-Jean, a trouvé un vieux parchemin français en creusant les fondations d’une maison du No. 25 rue Ste-Madeleine. C’est un testament autographié dont voici la teneur :

 

Le TESTAMENT

«Beilo et peste flagrant hœc regio somma contentione, pugnatum est victoria nobis exidit.
Nete auferant aliorum consilia Deux te adjuvet.»

Avant 24 heures, je ne serai plus de ce monde. Dieu m’est témoin de ce que j’écris.

Voici mon testament.

À toi si tu le mérites car Dieu connaît les siens. À 40 pieds de cet endroit marchant en droite ligne vers l’Occident, de là courbant 7 pieds vers le midi, à 7 pieds de la surface du sol entre deux grosses pierres, tu vas trouver un coffre en cuivre, contenant 100 livres pesant d’or et 300 livres pesant d’argent. Es-tu riche, que tu en feras la charité pour le repos de mon âme. Es-tu pauvre, que tu l’utiliseras honnêtement et priant Dieu pour moi. Devant Dieu qui est mon seul témoin, si tu emploies ce trésor au libertinage, je te souhaite malheur et la mort. Prie Dieu pour tous les malheureux Français qui sont morts aujourd’hui.

12 mai 1734
François Gutelin de Saint-Malo

 

Ce testament est écrit sur un parchemin imprégné d’une substance chimique très odorante. Le manuscrit est en français bien lisible et suivant la vieille orthographe : les s par exemple ont la forme d’un 8 allongé.

Ce testament a été trouvé dans une petite bouteille hermétiquement bouchée et cachetée, enfermée dans une boîte en fer-blanc épais dont le couvercle avait été solidement scellé d’un cercle d’une espèce de ciment rouge très dur. La bouteille était enveloppée dans des feuillets d’un dictionnaire français-allemand.

La boîte avait été enfouie à environ une profondeur de 4 pieds sous le sol et abritée sous une espèce de cloche, aussi en fer-blanc rongée par la rouille, qui la recouvrait complètement.

Comme on le voit, la trouvaille est tout à fait extraordinaire, et le document a un cachet de véracité et de bonne foi très frappant.

La date de 1734, ainsi que le premier paragraphe en latin, indiquent que le signataire est mort lors de la terrible épidémie de petite vérole qui décima par centaines la population du pays, et qui emporta le gouverneur de Montréal, M. de la Chassagne.

M. Trudel a fait cette trouvaille mercredi soir; il n’a pas encore trouvé le magot. Mais il croit pouvoir mettre la main dessus aujourd’hui ou demain. […]

La nouvelle de cette trouvaille a causé tout un émoi parmi…. les commères. On ne parle que de cela. Hier, une foule de personnes ont assiégé la maison de M. Trudel toute la journée pour obtenir des renseignements, voir l’endroit où a été déterré le testament et les objets trouvés. […] Hier, une foule de personnes ont assiégé la maison de M. Trudel toute la journée pour obtenir des renseignements, voir l’endroit où a été déterré le testament et les objets trouvés.

 

Que dire ? Il est vrai qu’on note une épidémie de variole dans la colonie en 1734. Mais cette histoire semble faire long feu, on n’en parle pas par la suite en 1889. On  n’arrive pas non plus à trouver trace de ce Gutelin. Et qui est ce Chassagne qu’on présente comme étant gouverneur de Montréal; on ne retrouve aucune mention de ce personnage dans le Dictionnaire biographique du Canada, par exemple. Tout cela laisse très perplexe et il faut demeurer prudent.

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