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Une visite chez les Abénakis

Au moins deux grandes familles amérindiennes du Québec, les Malécites et les Abénakis, sont mal connues de la population, car on n’en parle jamais. Sait-on même où elles habitent ?

Les Abénakis de la Nation Waban-Aki sont établis à Odanak et Wôlinak, au sud du fleuve Saint-Laurent. En 1905, le chroniqueur Jean Portal rend visite au curé de Gonzague, desservant chez les Abénakis depuis de nombreuses années, et propose à L’Album universel ce qu’il dit être une «étude, malheureusement trop écourtée sur les Abénakis, cette race d’Indiens si profondément ignorés de ceux-là même qui vivent en contact presque journalier avec eux». Extraits.

À son arrivée à Odanak, à proximité de la rivière Saint-François et du lac Saint-Pierre, le journaliste est séduit par la beauté des lieux. «L’on conçoit aisément que les Indiens, admirateurs inconscients peut-être mais enthousiastes des grands spectacles de la nature, aient choisi pour s’y établir ce site enchanteur, qui offrait en outre d’inépuisables ressources à leurs instincts de chasseurs et de pêcheurs.»

Et Portal d’y aller d’un peu d’histoire. «Les Abénakis ne sont pas originaires du Canada. Ils occupaient autrefois le Maine et s’étendaient dans le New-Hampshire, le Nouveau-Brunswick et jusque sur les bords de la Nouvelle-Écosse. Ils commencèrent à émigrer vers 1680 pour fuir les persécutions des Anglais. Ce n’est d’ailleurs qu’à cette époque qu’on leur permit d’entrer sans difficultés sur le territoire canadien, car le gouvernement français craignait qu’ils ne servissent d’intermédiaires entre leurs confrères sauvages du Canada et les Anglais pour établir le commerce des fourrures. […]  Selon les relations du temps, les Abénakis étaient en général d’une taille au-dessus de la moyenne et d’une force prodigieuse qui leur permettait de résister aux rudes fatigues de la chasse et des expéditions guerrières. Leur teint était d’un brun jaune ou rouge, leurs cheveux plats et noirs. Ces deux traits caractéristiques se retrouvent maintenant encore chez ceux qui ont conservé leur sang pur de tout mélange avec celui des blancs.»

«Quand les Abénakis franchirent, en 1680, la frontière canadienne, ils furent accueillis par les Français avec beaucoup de bonté. Ce qui leur inspira par la suite une grande confiance et un attachement pour leurs bienfaiteurs qui ne se démentit jamais. Cette alliance des Européens et des sauvages fut cimentée par de nombreux mariages. C’est ainsi que le baron de Saint-Castin, capitaine au régiment de Carignan, épousa la fille du grand chef de Pentagoët et demeura trente-huit ans au milieu des Indiens. À ce moment, le comte de Frontenac, gouverneur du Canada, prévoyant que dans ses luttes incessantes contre les Iroquois stimulés par les Anglais, les Abénakis pourraient lui être d’un grand secours, leur permit de s’étendre sur toute la rive sud du St Laurent comprise entre la rivière Chaudière et la rivière Richelieu. Aussitôt un groupe d’entre eux remontèrent le fleuve jusqu’au lac St Pierre et vinrent s’établir sur les bords de la rivière Saint-François.»

Et qu’en était-il de leur conception de l’au-delà ? «Leur théologie était fort simple. Ils croyaient que l’âme était immortelle et qu’après le trépas terrestre elle se trouvait aussitôt transportée vers le sud dans un pays de délices où régnaient à jamais les amusements les plus variés tels que la chasse, la pêche et la danse. Quand aux méchants, ils se voyaient bannis pour toujours dans une région lointaine où ils souffraient mille tortures.»

 

Les photographies ci-jointes accompagnent l’article de Jean Portal dans L’Album universel du 12 août 1905. On les retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, au descripteur «Odanak (Québec : Réserve indienne)».

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