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Les débuts du parc La Fontaine, à Montréal

Aujourd’hui, en 2013, le parc La Fontaine, dans l’arrondissement Le Plateau—Mont-Royal, à Montréal, est l’un des bien aimés de la métropole. Dans L’Album, universel du 29 juillet 1905, Jean Rivard s’attarde à ce nouveau parc qu’il dit être «vaste, tout nouveau, superbe, et que fréquentent surtout les Canadiens-français et les touristes, qui, l’été, visitent Montréal».

Il y a quinze ans environ, au sortir de l’adolescence, parfois, les jours fériés, épris de visions champêtres, nous dirigions nos pas vers la ferme Logan. C’était alors, nous nous en souvenons très bien, une sorte de terrain vague, accidenté, peuplé d’arbres se mourant de vétusté et d’abandon, et où, le soir venu, il ne faisait guère bon se promener, les rôdeurs de barrière, avinés et sans principes, s’y donnant rendez-vous.

Les paisibles citoyens des environs n’aimaient pas ce bruyant et dangereux voisinage; cependant, ils le subissaient sans trop se plaindre, sans doute par habitude, car, disaient-ils, la ferme Logan jouissait depuis longtemps d’une fâcheuse réputation.

Même ils en faisaient remonter l’origine à l’époque déjà lointaine où un quartier militaire était établi en cette partie de la banlieue du Montréal de l’époque. Parce que, disait le souvenir populaire, il ne se passait pas un jour qu’en cet endroit, les disciples de Mars ne se livrassent à de copieuses libations et à de bruyantes querelles.

Tout ceci est maintenant du domaine du passé. Les casernes ont disparu, et les terrains vagues d’antan se sont transformés en un magnifique parc, comme sous le coup de baguette d’une fée, éprise de beauté, de bien-être et de progrès.

Le Parc Lafontaine, dont je vais faire une légère esquisse pour les lecteurs de l’Album Universel, a une superficie de 175 acres environ. Il est borné au nord et à l’ouest par l’avenue Parc Lafontaine; à l’est par le Chemin Papineau, au sud par la rue Sherbrooke. Rien n’a été épargné pour le rendre digne de notre métropole et du public montréalais, qui, de plus en plus, s’y rend pour se délasser pendant les belles et chaudes journées de l’année.

Parmi les travaux considérables de terrassement qui ont été faits dans le parc Lafontaine, il faut citer tout d’abord ceux qu’ont nécessité deux vastes bassins, qu’alimenteront les eaux de l’aqueduc de la ville. L’un de ces bassins, le bassin supérieur, est déjà terminé, et sa nappe d’eau contribue pour beaucoup à rafraîchir l’atmosphère des environs, comme aussi à arroser les pelouses et les fleurs du parc, pendant les périodes de sécheresse. L’autre, le bassin inférieur, n’est pas encore terminé, mais il le sera cette année, nous assure-t-on. On attend, pour ce faire, la terre des excavations qu’on va faire, rue Sherbrooke, là où s’élèvera bientôt le nouvel et majestueux hôpital Notre-Dame. […]

Certes, ces deux petits lacs permettront à nos bambins d’y faire naviguer de minuscules flottes. Et, si nous avions un vœu à émettre, ce serait celui de voir un jour de véritables canots, ou de légers esquifs évoluer sur ces pièces d’eau, le tout sous la surveillance d’un personnel spécial. Sans compter que quelques palmipèdes, cygnes ou canards, feraient très bien dans le paysage, si on leur réserve un asile dans le bassin supérieur du parc en question. […]

Comme on peut s’y attendre d’après la lecture de ce qui précède, le parc Lafontaine étant de création toute récente, ses arbres sont forcément jeunes. Il n’y en a pas, à notre connaissance, au long des allées, qui aient encore un pied de diamètre. Mais le public peut en être persuadé, dans une vingtaine d’années d’ici, le parc Lafontaine sera au début de sa splendeur, et fortunés seront ceux qui, alors, auront le plaisir d’égarer paisiblement leurs pas dans ses allées nombreuses.

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