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La mort, l’astronomie et l’agriculture

Wilfrid Marsan, directeur de l’Observatoire astronomique de Westmount à la fin du 19e siècle, semble un pur inconnu, dans la société de son époque tout comme sur internet aujourd’hui. Qui est donc cet homme, à la pensée en apparence bien originale ? Voyez ce qu’il écrit, par exemple, dans le journal The Sag-Harbour, du comté de Suffolk, dans l’État de New York, le 18 mars 1897, sous le titre The Beneficence of Death [La bienfaisance de la mort].

The lower types of organic life must die and disintegrate before we can have the higher stages. Thus all along, it is life, new life, larger life, grander life, born out of decay and death. Do we not also see how instead of being a terror and a calamity, it is really the last, highest, best, sweetest crowning gift of God ! There is only a separation and that for a little while. When the world learns how to obey the natural laws of this our human life, and knows the fact of continued existence, death will then be recognized as a benignant spirit, the Messenger of the Excellence Creative Power, a friend, not feared, but welcomed as opening to us the golden gate of a life of greatness and splendor.

Diable, comment un homme capable d’une réflexion semblable pouvait être perçu dans la société de cette époque ? Dommage qu’il soit vraiment à jamais disparu. Et voici un autre texte — Le ciel en avril 1897 — qu’il propose à La Patrie du 2 avril 1897. Attention, il faut être attentif pour le suivre.

Les principaux objets célestes en évidence pour l’observation pendant le mois d’avril, au milieu de chaque soirée, sont au nord la Grande et Petite Ourse; la brillante étoile Véga et la Lyre sous la tête du Dragon, suivie par Alpha du Cygne. Céphée passe sous la double étoile Polaire et Cassiopée est encore plus basse. À l’Est est le soleil jaune ardent, Arcturus du Bouvier. La Couronne boréale vient de se lever. Le Serpent et Hercule se lèvent. Au Sud, le Lion avec son immense quadrilatère. L’Épi de la Vierge marque le Sud-Est. Sous le Lion, l’Hydre trône en plein sud, suivie par le Corbeau. Les Gémeaux et le Petit Chien déclinent vers le sud-ouest. Sirius du Grand Chien, le Taureau et les Pléiades se couchent. À l’Ouest, on voit encore le géant Orion, les Hyades et Persée.

Les principales planètes en évidence faciles pour tous sont Vénus, dans le Bélier, Mars dans les Gémeaux, Jupiter dans le Lion, un peu à l’est de Régulus, dont il se rapproche tous les jours, et vers la fin de la soirée, Saturne, la merveille des mondes célestes, est situé dans le Scorpion, au sud-est, non loin du rouge soleil Antarès.

L’astronomie est la science de l’agriculture et de la production. Pour exemple, prenons à volonté une quantité de pois de semence ordinaire, et divisons-la en parties égales, et gardons avec soin chaque partie séparément. Ensuite quand la saison approchera, choisissons un terrain favorable à la végétation, et semons les pois des quatre parties de la manière suivante. La première partie le premier ou le second jour de la Nouvelle Lune, la seconde, près de la même place, le premier ou second jour du second quartier, la troisième, le second ou le troisième jour avant la Pleine Lune, et la quatrième, le second ou le troisième jour avant que la Lune disparaisse.

Voici le résultat : les pois semés sous la Nouvelle Lune vont pousser très vite et fleurir le plus admirablement, mais ne porteront pas de fruits; ceux de la seconde partie vont fleurir et porteront très peu; ceux de la troisième, non seulement vont fleurir avec beauté, mais ils vont produire en abondance, et ceux de la quatrième vont à peine sortir de la terre. La même règle du temps s’applique à toutes les autres sortes de graines et aussi aux arbres pour chaque opération, depuis la pépinière jusqu’à la taille des arbres fruitiers.

N’en déplaise aux savants de cette planète, les jardiniers et les cultivateurs astronomes ont raison contre les génies immortels de Laplace, François Arago, et le plus illustre des astronomes des temps anciens et modernes — Camille Flammarion.

Wilfrid Marsan
Directeur de l’Observatoire astronomique de Westmount

 

N’est-ce pas que ce personnage est fort original.

L’illustration ci-haut provient de l’Almanach Hachette de 1921. Et Claude, mon cher ami Claude Lapierre, m’envoie cette photographie, ci-bas, d’un Wilfrid Marsan, remontant à cette époque et qui pourrait bien être notre personnage. On trouve cette image sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Merci beaucoup, cher Claude.

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