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La Glu, par Yvette Guilbert

Le 1er mars 1897, dans sa «Chronique du lundi» qui paraît dans La Patrie, Françoise rappelle la chanson de Jean Richepin, La Glu. Chanson française d’une époque.

J’ai entendu dernièrement réciter La Glu qu’Yvette Guilbert a chantée ici il n’y a pas très longtemps.

Je ne sais pourquoi je m’étais fait une idée que la divette ne chantait qu’un répertoire de grivoiseries. Aussi bien, j’ai été agréablement surprise de constater que dans La Glu, si l’on peut trouver le thème cruel, il n’y a pas un mot à dire de sa morale.

Je crois intéresser mes lectrices en la reproduisant ici. C’est en même temps une primeur que j’offre aux abonnés, ces vers n’ont pas été reproduits, m’assure-on par aucun journal encore de ce côté-ci de l’Atlantique.

 

LA GLU

Y avait un’fois un pauv’gas
Et lon lan laire
Et lon lan la !
Y avait un’fois un pauv’gas
Qu’aimait celle qui n’l’aimait pas.

Elle lui dit : Apport’moi demain
Et lon lan laire
Et lon lan la !
Elle lui dit : Apport’moi demain
L’cœur de ta mère pour mon chien.

Va chez sa mère et la tue
Et lon lan laire
Et lon lan la !
Va chez sa mère et la tue
Lui prit le cœur et s’encourut.

Comme il courait, il tomba
Et lon lan laire
Et lon lan la !
Comme il courait, il tomba
Et par terre l’cœur roula.

Et pendant que l’cœur roulait
Et lon lan laire
Et lon lan la !
Et pendant que l’cœur roulait
Entendit l’cœur qui parlait.

Et l’cœur disait en parlant,
Et lon lan laire
Et lon lan la !
Et l’cœur disait en pleurant,
T’es-tu fait mal, mon enfant ?

 

N’est-ce pas que cette apothéose de l’amour maternel est effroyablement belle ?

Il n’est pas étonnant d’apprendre que lorsque cette chanson parut à Paris, elle fut l’une des causes de la renommée de son auteur, Jean Richepin.

Et Gounod, le doux chantre de toute âme qui aime, n’a pas dédaigné de composer pour ces vers sa plus délicieuse musique.

 

L’image d’Yvette Guilbert par Toulouse-Lautrec apparaît sur la page Wikipédia consacrée à cette chanteuse française, contemporaine de Françoise, mais à la plus longue vie.

Françoise, l’auteure de cet article, est Robertine Barry (1863-1910), originaire de L’Isle-Verte, la première femme journaliste québécoise. Selon la page Wikipédia qui lui est consacrée, on dit que certains critiques l’ont comparée à George Sand et à Balzac. Elle fut la grande amie d’Émile Nelligan.

Trente années plus tard, La Glu sera interprétée par Lys Gauty.

 

 

4 commentaires Publier un commentaire
  1. Jean Provencher #

    Monsieur Tibor Barcza, un visiteur du site, aujourd’hui le 26 mai 2013, me fait parvenir une version de la chanson enregistrée en 1918 : http://dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net/audio/g/guilbert_glu_la.mp3.

    Merci beaucoup, Monsieur Barcza !

    26 mai 2013

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