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Au sujet de la planète Vénus

En 1889, comme en 1897, 1902 et 1910, la planète Vénus, particulièrement brillante, attire l’attention de journalistes québécois.

Le 6 mars 1889, dans le journal Le Trifluvien, un citoyen de Trois-Rivières, qui signe Sirius, prenant prétexte de la brillance de notre «planète jumelle», y va d’un long texte sur la bête. Extraits de son article et occasion de constater l’état des connaissances sur Vénus en 1889.

Un phénomène assez remarquable se passe dans le firmament dans ce temps-ci : c’est qu’il nous est donné de voir en plein jour une de ces étoiles que les savants appellent planètes. Elle brille d’un éclat très vif vers l’occident, à la tombée du jour. En regardant attentivement, on peut l’apercevoir vers quatre heures de l’après-midi à l’endroit où se trouve le soleil vers une heure.

Cette planète a reçu différents noms. Les anciens l’appelèrent Vénus et les astronomes modernes, malgré leur qualité de disciples de Celui qui éclaire tout homme venant en ce monde, n’ont pas jugé à propos de la faire chrétienne en la baptisant sous un autre nom.

Son nom populaire est l’Étoile-du-Soir ou l’Étoile-du-Berger. Il arrive qu’elle passe de l’autre côté du soleil et apparaît le matin : c’est alors le Lucifer ou Porte-Lumière de l’Écriture Sainte; le peuple lui donne dans cette position le nom d’Étoile-du-Matin, sans se douter que c’est le même astre. […]

Supposons qu’à l’époque où Vénus est au point de son orbite le plus rapproché de la terre, un voyageur s’embarque sur une locomotive des plus rapides parcourant 60 milles par heure, eh bien, s’il se dirige vers ce point, il n’aura franchi la distance de 27 millions de milles qui le sépare de nous, qu’après avoir marché jour et nuit, sans jamais s’arrêter, pendant 51 ans et 4 mois. Il ne lui faudrait pas moins de 123 ans et 15 jours pour arriver à la même planète lorsqu’elle est dans son plus grand éloignement de la terre. […]

Une atmosphère très élevée dans laquelle nagent des nuages, qui rendent souvent l’observation de la surface de cette planète très difficile, l’enveloppe de toute part; la rapidité avec laquelle ces nuages sont quelquefois emportés indique qu’il y a là des tempêtes d’une violence dont on peut difficilement se faire une idée.

L’axe de cette planète étant beaucoup plus incliné sur le plan de son orbite que celui de la terre, il s’ensuit que les saisons y sont plus fortement tranchées qu’ici, et que les différentes parties de sa surface passent successivement et avec rapidité des températures excessivement chaudes à des températures également froides. Il n’y a sur Vénus aucun climat tempéré, mais toutes ses latitudes sont à la fois tropicales et arctiques. On ne sait vraiment quelle est la région la moins désagréable à habiter, et il n’y a presque pas plus d’avantages à élire domicile vers l’équateur que vers les pôles. […]

Maintenant cette planète est-elle réellement habitée par des êtres vivants ? De quelle nature sont ses habitants ? Nous ressemblent-ils par la forme physique ? Sont-ils doués d’une intelligence analogue à la nôtre ? Ce sont là des questions intéressantes auxquelles les savants n’ont rien à répondre. Ils savent seulement que ce monde voisin et plus jeune diffère peu du nôtre par son volume, son poids, sa densité, par la durée de ses jours et de ses nuits; qu’il en diffère un peu plus par la rapidité de ses années, l’intensité de ses climats et de ses saisons, l’étendue de son atmosphère et sa plus grande proximité du soleil. S’il est habité, il doit donc l’être par des races végétales, animales et humaines peu différentes de celles qui peuplent notre planète.

Les Vénusiens nous voient briller dans leur ciel, comme une magnifique étoile de première grandeur, planant dans le Zodiaque, et offrant des mouvements analogues à ceux que la planète Mars nous présente; mais au lieu de projeter un éclat rougeâtre, la Terre répand dans le ciel une clarté bleuâtre. C’est de là que nous sommes les plus lumineux.

 

Finalement, bien davantage que les télescopes, ce sont les sondes spatiales qui iront visiter la planète à compter des années 1960 qui nous en apprendront vraiment sur Vénus.

La photographie de Sean Rozekrans montre la Lune et la planète Vénus, à sa droite. Elle apparaît sur la page Wikipédia consacrée à notre planète voisine.

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