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Tout ce que vous devez savoir sur le parapluie

Mesdames, rien n’est plus parlant que votre parapluie, votre encas, votre entoucas. Lisez bien ce texte de Geo Lange, «Giboulées d’octobre», paru dans l’Album universel, du 7 octobre 1905.

Il n’est point aussi simple qu’on pense de savoir se vêtir et s’armer de circonstance lorsque se dessine, dès le matin, une de ces journées tantôt pluvieuse, tantôt cinglante, tantôt laissant percer le regard d’un de ces soleils radieux qui fait la nique aux makintosh et aux caoutchoucs!

L’arme véritable (hélas !), c’est le parapluie ou plutôt l’en-cas — l’en-tous-cas, disent d’aucuns.

Combien délicat le choix de ce modeste, mais indispensable auxiliaire, qui peut être si aisément le plus ridicule des engins protecteurs !…

Savez-vous bien que de profonds psychologues, rien qu’à la simple inspection d’un parapluie de femme, bien ou mal roulé et sagement relégué dans un coin de porte, sauront pronostiquer, sans hésitations, du goût, de la situation mondaine, de la tournure, voire des qualités ou des défauts de sa propriétaire, alors qu’ils n’oseraient se prononcer définitivement à la vue de son ombrelle ? L’ombrelle est, par elle-même, aimable, Mais le parapluie ? mais l’en-cas ?…

Voilà bien une autre affaire ! Il doit bien abriter de la pluie, d’abord ! mais sa couleur n’a, pour varier, que la gamme sombre et discrète des nuances foncées toujours neutres.

Et le manche, chère madame, quelle grave, très grave affaire !…

Ne perdons point de vue qu’il ne peut ou ne doit pas être luxueux à l’excès — ce n’est point un ornement — et le manche par trop coûteux est celui du parapluie qu’on n’a jamais l’occasion d’ouvrir… et pour cause.

Il faut cependant qu’il soit assez élégant pour atténuer la disgrâce de l’objet lui-même; vous le voulez, enfin, commode à manier, à poignée pratique.

Quant à la «façon» de porter cet abri mobile, ne pensez-vous pas avec moi  qu’elle ait aussi sa petite place dans la coquetterie de la «ligne» et de la silhouette ?

Le parapluie, tout en étant orienté contre l’ondée que fouette la rafale, doit être tenu au tiers du manche, dans le prolongement de l’avant-bras, sans raideur et gracieusement. Si vous tenez un petit paquet ou un sac (je me trompe fort ou la chose est plutôt possible !), n’oubliez pas qu’il est contre toute logique de le porter de l’autre main, celle qui s’occupe du retroussis obligatoire et compliqué des jupes; il est bien préférable, en le tenant de la même main que le parapluie, de l’abriter de votre mieux, pauvre petit paquet ou pauvre petit sac !…

On doit enfin, lorsqu’ils se succèdent, rapides, averses et beau temps, ouvrir — très vite — l’en-cas, et, si votre main gauche était embarrassée, comment s’y prendre pour éviter la gêne des mouvements qui cloue la femme sur place et nous la montre si pitoyable en son menu désarroi, que, n’étaient les conventions mondaines qui nous l’interdisent, nous voudrions tous pouvoir voler à son secours et mettre un terme à son supplice !

Et puisque c’est en ce mois que s’ouvre l’ère probable des «giboulées», je souhaite que tout le bavardage qui précède demeure de peu d’utilité et que les rafales si funestes à vos frisons, les grêlons exterminateurs, la pluie diluvienne, ne vous fassent point, chères lectrices, trop maudire les «giboulées d’octobre».

 

Nous vous aimons tant !

Source de l’illustration, photographie de ArtySil, sur Flickr.

 

 

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